Une finale méconnue de 1954

Le 4 juillet 1954, l’Allemagne de l’Ouest remporte la Coupe du monde pour la première fois de son histoire. Ce match fabuleux contre le onze d’or hongrois a totalement éclipsé la finale mouvementée du championnat d’Allemagne 1954, entre le Hanovre 96 et le FC Kaiserslautern. Retour 66 ans en arrière, pour une finale de légende dans laquelle l’outsider a surclassé le champion en titre 5-1, six semaines avant le Miracle de Berne.

À l’époque, le championnat allemand est divisé en quatre Oberligen auxquelles s’ajoute la ligue de Berlin-ouest. Le nombre de clubs fluctue selon les années mais en 1954, le premier de chaque ligue et le vainqueur de la coupe d’Allemagne sont qualifiés pour la compétition, soit un total de six équipes. Réparties en deux groupes de trois, elles ne s’affrontent qu’une seule fois, sans match retour, de façon à éviter de multiplier les rencontres avant le début de la Coupe du monde, le 16 juin.

Dans le premier groupe, le champion de 1951 et 1953, le FC Kaiserslautern, surnommé le « Walter-Elf » (onze de Walter) s’impose grâce à deux victoires serrées, contre l'Eintracht Francfort (1-0) et le FC Cologne (4-3). Lors de ces deux matchs apparaissent des faiblesses en défense : Fritz Walter , capitaine à la fois de Kaiserslautern et de la sélection allemande, donne lui-même le signal de ralentir la cadence après le but du 4-1 contre Cologne pour préserver les forces de ses hommes en vue de la finale. De son côté, Hanovre se qualifie pour la compétition en arrivant premier de l’Oberliga Nord, mettant fin à la domination du Hambourg SV avec huit points d’avance et un total de 84 buts, soit un ratio de 2,9 buts par match. Dans le second groupe, le 96 rencontre quelques difficultés contre le BSV 92 Berlin mais finit par s’imposer 2-1, avant de battre les champions 1950 et 1952, le VfB Stuttgart sur le score de 3-1. Hanovre atteint alors la finale pour la première fois depuis 1938, date de son premier sacre.

Une semaine avant le match, un sondage sur le dénouement de la finale à venir est réalisé parmi des sommités du football de l’époque comme Max Morlock , Charly Mai ou Berni Klodt . Résultat : sur les trente footballeurs interrogés, tous se prononcent en faveur de Kaiserlautern.

Le favori ouvre logiquement le score à la 14e minute grâce à Horst Eckel. Ceux qu’on surnomme les « Rote Teufel » (les diables rouges) développent un jeu de qualité et méritent de mener à la pause. Quelques secondes après la reprise, l’équipe entraînée par Helmut « Fiffi » Kronsbein revient dans le match grâce à Hans Tkotz . À la 49e minute, Werner « Kohli » Kohlmeyer, défenseur, international et futur champion du monde, marque un but contre son camp. Hanovre prend l’avantage. Mais ce qui rend cette finale mémorable, ce sont les trois buts marqués dans les 15 dernières minutes, par Heinz Wewetzer (76e), Helmut Kruhl (82e) et Rolf Paetz (85e), qui transforment une défaite avec un but d’écart en véritable humiliation.

Cette débâcle s’explique peut-être par la façon dont les joueurs des deux équipes abordent la finale. Dans le Walter-Elf, cinq joueurs sont des cadres de la sélection allemande et seront titulaires lors de la finale de la Coupe du monde : Werner Kohlmeyer , Horst Eckel , Werner Liebrich ainsi que les frères Fritz et Ottmar Walter . Dès le mois de mai, ils savent qu’après cette finale, ils iront représenter leur pays à la Coupe du monde en Suisse. Du côté du Hanovre, c’est le dernier match de la saison, le match de l’année, puisqu’aucun des joueurs n’est sélectionné. C’est peut-être ce qui explique la cuisante défaite de Kaiserslautern de ce 23 mai 1954 au Volksparkstadion de Hambourg, à moins que ce ne soit le fait que les supporters d’Hanovre aient fait le déplacement en masse pour soutenir leur équipe ou bien que le temps ait été au beau fixe. En effet, Fritz Walter est connu pour être brillant lorsque les conditions météo sont mauvaises. Il supporte mal de jouer par temps chaud après avoir contracté la malaria en 1945 à son retour des camps de prisonniers de guerre. C’est de là d’où vient l’expression allemande « Fritz-Walter-Wetter » (Une météo pour Fritz Walter). Or, le jour de la finale, il fait très chaud. Par conséquent, Fritz Walter ne peut pas être étincelant.

À trois semaines du début de la Coupe du monde, la débâcle soulève de nombreuses questions sur les choix du sélectionneur Sepp Herberger , qui veut aligner les cadres de Kaiserslautern dans son onze-type. La réaction des supporters ne se fait pas attendre et dans les tribunes, ils crient même "Herberger démission". Si Hanovre a pu écraser le champion en titre, quel sera le sort de l’Allemagne contre les Hongrois de Puskás en phase de groupe de la Coupe du monde ? Le sélectionneur, que Walter appelle respectueusement « Chef », dira par la suite que face aux critiques, il s'était convaincu que « les joueurs de Kaiserslautern étaient dans d’excellentes conditions mais n’étaient pas en forme ». Les joueurs d’Hanovre rentrent chez eux, sont conduits à travers le centre-ville en calèche et fête le deuxième - et dernier - titre de champion d’Allemagne. Sport Megaphon titre pour l’occasion « Hanovre, vainqueur des champions - Sensationnel 5-1 contre Kaiserslautern », avant qu’un mois et demi plus tard, le commentateur Herbert Zimmermann ne s’égosille devant le sacre mondial des coéquipiers de Walter, un soir pluvieux de juillet 1954.

[DFB]

Le 4 juillet 1954, l’Allemagne de l’Ouest remporte la Coupe du monde pour la première fois de son histoire. Ce match fabuleux contre le onze d’or hongrois a totalement éclipsé la finale mouvementée du championnat d’Allemagne 1954, entre le Hanovre 96 et le FC Kaiserslautern. Retour 66 ans en arrière, pour une finale de légende dans laquelle l’outsider a surclassé le champion en titre 5-1, six semaines avant le Miracle de Berne.

À l’époque, le championnat allemand est divisé en quatre Oberligen auxquelles s’ajoute la ligue de Berlin-ouest. Le nombre de clubs fluctue selon les années mais en 1954, le premier de chaque ligue et le vainqueur de la coupe d’Allemagne sont qualifiés pour la compétition, soit un total de six équipes. Réparties en deux groupes de trois, elles ne s’affrontent qu’une seule fois, sans match retour, de façon à éviter de multiplier les rencontres avant le début de la Coupe du monde, le 16 juin.

Dans le premier groupe, le champion de 1951 et 1953, le FC Kaiserslautern, surnommé le « Walter-Elf » (onze de Walter) s’impose grâce à deux victoires serrées, contre l'Eintracht Francfort (1-0) et le FC Cologne (4-3). Lors de ces deux matchs apparaissent des faiblesses en défense : Fritz Walter , capitaine à la fois de Kaiserslautern et de la sélection allemande, donne lui-même le signal de ralentir la cadence après le but du 4-1 contre Cologne pour préserver les forces de ses hommes en vue de la finale. De son côté, Hanovre se qualifie pour la compétition en arrivant premier de l’Oberliga Nord, mettant fin à la domination du Hambourg SV avec huit points d’avance et un total de 84 buts, soit un ratio de 2,9 buts par match. Dans le second groupe, le 96 rencontre quelques difficultés contre le BSV 92 Berlin mais finit par s’imposer 2-1, avant de battre les champions 1950 et 1952, le VfB Stuttgart sur le score de 3-1. Hanovre atteint alors la finale pour la première fois depuis 1938, date de son premier sacre.

Une semaine avant le match, un sondage sur le dénouement de la finale à venir est réalisé parmi des sommités du football de l’époque comme Max Morlock , Charly Mai ou Berni Klodt . Résultat : sur les trente footballeurs interrogés, tous se prononcent en faveur de Kaiserlautern.

Le favori ouvre logiquement le score à la 14e minute grâce à Horst Eckel. Ceux qu’on surnomme les « Rote Teufel » (les diables rouges) développent un jeu de qualité et méritent de mener à la pause. Quelques secondes après la reprise, l’équipe entraînée par Helmut « Fiffi » Kronsbein revient dans le match grâce à Hans Tkotz . À la 49e minute, Werner « Kohli » Kohlmeyer, défenseur, international et futur champion du monde, marque un but contre son camp. Hanovre prend l’avantage. Mais ce qui rend cette finale mémorable, ce sont les trois buts marqués dans les 15 dernières minutes, par Heinz Wewetzer (76e), Helmut Kruhl (82e) et Rolf Paetz (85e), qui transforment une défaite avec un but d’écart en véritable humiliation.

Cette débâcle s’explique peut-être par la façon dont les joueurs des deux équipes abordent la finale. Dans le Walter-Elf, cinq joueurs sont des cadres de la sélection allemande et seront titulaires lors de la finale de la Coupe du monde : Werner Kohlmeyer , Horst Eckel , Werner Liebrich ainsi que les frères Fritz et Ottmar Walter . Dès le mois de mai, ils savent qu’après cette finale, ils iront représenter leur pays à la Coupe du monde en Suisse. Du côté du Hanovre, c’est le dernier match de la saison, le match de l’année, puisqu’aucun des joueurs n’est sélectionné. C’est peut-être ce qui explique la cuisante défaite de Kaiserslautern de ce 23 mai 1954 au Volksparkstadion de Hambourg, à moins que ce ne soit le fait que les supporters d’Hanovre aient fait le déplacement en masse pour soutenir leur équipe ou bien que le temps ait été au beau fixe. En effet, Fritz Walter est connu pour être brillant lorsque les conditions météo sont mauvaises. Il supporte mal de jouer par temps chaud après avoir contracté la malaria en 1945 à son retour des camps de prisonniers de guerre. C’est de là d’où vient l’expression allemande « Fritz-Walter-Wetter » (Une météo pour Fritz Walter). Or, le jour de la finale, il fait très chaud. Par conséquent, Fritz Walter ne peut pas être étincelant.

À trois semaines du début de la Coupe du monde, la débâcle soulève de nombreuses questions sur les choix du sélectionneur Sepp Herberger , qui veut aligner les cadres de Kaiserslautern dans son onze-type. La réaction des supporters ne se fait pas attendre et dans les tribunes, ils crient même "Herberger démission". Si Hanovre a pu écraser le champion en titre, quel sera le sort de l’Allemagne contre les Hongrois de Puskás en phase de groupe de la Coupe du monde ? Le sélectionneur, que Walter appelle respectueusement « Chef », dira par la suite que face aux critiques, il s'était convaincu que « les joueurs de Kaiserslautern étaient dans d’excellentes conditions mais n’étaient pas en forme ». Les joueurs d’Hanovre rentrent chez eux, sont conduits à travers le centre-ville en calèche et fête le deuxième - et dernier - titre de champion d’Allemagne. Sport Megaphon titre pour l’occasion « Hanovre, vainqueur des champions - Sensationnel 5-1 contre Kaiserslautern », avant qu’un mois et demi plus tard, le commentateur Herbert Zimmermann ne s’égosille devant le sacre mondial des coéquipiers de Walter, un soir pluvieux de juillet 1954.

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