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Manuel Neuer : « Nous avons un nouvel état d’esprit »

Une longue blessure, un comeback, une élimination précoce du Mondial, une phase de transition entamée à l’automne : Manuel Neuer, le gardien et capitaine de la Nationalmannschaft revient pour DFB.de sur son année 2018 et évoque ce qui attend l’équipe pour 2019.

J’ai toujours en tête en phrase de Thomas Müller lors du stage d’entraînement dans le Tyrol italien juste avant la Coupe du Monde : « Mais là je suis mort de rire » a-t-il lancé sans pour autant éclater de rire. Je ne sais toujours pas précisément pourquoi la balle n’est pas passée à côté de moi. C’était une drôle d’action. Thomas a récupéré la balle de près en s’arrachant et a déclenché une lourde frappe. La balle est venue sur moi, je ne sais plus à quel endroit mais je sais juste qu’elle n’est pas rentrée au fond des filets. Cette action m’a fait du bien mais ce sont les impressions de mes coéquipiers et de l’entraîneur qui m’ont le plus touché. On sentait qu’ils me faisaient de plus en plus confiance, tout cela est gratifiant et encore plus lorsque cela vient de coéquipiers comme Thomas Müller. Quelques jours plus tard je débutais le match amical face à l’Autriche dans la peau d’un titulaire. Je n’avais plus joué avec la Mannschaft depuis 598 jours. J’ai ensuite été sélectionné dans le groupe définitif pour la Coupe du Monde en Russie. À ce moment-là, une chose était claire pour moi : mission accomplie, j’ai atteint l’objectif que je m’étais fixé.

La fierté. Un sentiment que je ne ressens que très rarement dans ma carrière professionnelle. Mais ici, dans ce cas précis, le terme est approprié. J’étais fier du chemin parcouru et de voir que tout ça était maintenant derrière moi. Fier des efforts que j’ai réalisé avec envie, rigueur et détermination. Beaucoup de gens de mon entourage ont aussi joué un rôle important. Ils se sont consacrés à ma rééducation et se sont occupés de moi de façon incroyable avec beaucoup de dévouement. Bien sûr, il y a les médecins et les physiothérapeutes mais comme je ne veux oublier personne, je voudrais ici m’adresser à l’ensemble des personnes qui m’ont accompagné : merci pour tout !

Presque médecin

Ma rééducation a été marquée par différentes étapes. En janvier, j’ai pu laisser mes béquilles dans un coin, ça a naturellement marqué un tournant dans ma rééducation. Pour moi, toutes les visites chez le médecin ont été précieuses tout comme les résultats positifs lors des radios et des IRM. Au fil du temps je suis presque devenu médecin, je pouvais moi-même observer les progrès et les interpréter. Il n’y a pas eu de moment clé dans ma rééducation, il n’y a pas un résultat éclipse les autres. Il y a eu plusieurs étapes : la première fois sur le terrain, la première fois avec la balle puis la première fois avec l’équipe.

La pause en février a été importante pour moi. J’ai passé dix jours en Thaïlande avec ma femme. Ce n’était pas des vacances classiques car j’ai continué ma rééducation sur place mais ce changement de décors m’a quand-même fait du bien. Les médecins m’avaient déjà pas mal recommandé de faire une coupure avec mon quotidien. Pour moi, février était le bon moment pour le faire car je pouvais de nouveau tout faire par moi-même au quotidien. Pour moi c’était important mais ça l’a été encore pour ma femme. Lors de notre mariage je me déplaçais encore avec des béquilles, ce fut la même chose lors de notre lune de miel. Durant ces derniers mois elle m’a rendu des milliers de petits et grands services. Elle m’apportait le café, me préparait mon petit-déjeuner. C’était toujours elle qui se levait tôt et qui m’apportait ce dont je pensais avoir besoin. C’est pour ça que je ne voulais pas qu’elle soit mon infirmière personnelle pendant nos vacances.

« Certes, je ne pouvais pas jouer mais je n’étais pas passif pour autant »

On m’a beaucoup demandé comment est-ce que j’avais vécu ce rôle de spectateur, à quel point est-ce que cela est insupportable de ne pas pouvoir jouer en Bundesliga, en Coupe d’Allemagne et en Ligue des Champions et je suis moi-même surpris de ma réponse : ce n’était pas spécialement difficile. J’ai toujours su que je ne pouvais rien faire à part travailler sans relâche pour pouvoir faire mon retour et faire confiance aux médecins, aux physiothérapeutes et surtout à moi-même. Je ne suis pas plus fort que la nature, il n’y a pas de bouton d’accélérateur, on ne peut pas mettre le turbo. Certes, je ne pouvais pas jouer mais je n’étais pas passif pour autant. Et ce rôle m’a plu.

Pour moi, la situation aurait été encore plus délicate si la situation sportive du Bayern n’avait pas été aussi confortable. Au début, Sven Ulreich était un petit peu hésitant mais il a progressé et il est vraiment devenu très solide au fil des semaines. Avec ça il m’a beaucoup aidé. Je ne vais pas m’étendre plus longtemps sur la fin de saison du Bayern. On aurait tous bien voulu remporter d’autres titres en plus du championnat même si je veux préciser que je ne minimiserai jamais le titre en Bundesliga. C’est une vraie performance de dominer toutes les autres équipes de Bundesliga. La saison en cours nous prouve que ce n’est jamais évident de devenir champion d’Allemagne et que le fait le répéter ce même exploit tous les ans reste quelque chose de spécial.

Le vide total

Quand je reviens sur cette année 2018, je ne peux pas ne pas parler de ce qui s’est passé cet été en Russie. Il y a une question que l’on pose souvent : quelles sont les choses qui me sont venues à l’esprit dans les premières secondes après le coup de sifflet final du match contre la Corée du Sud. Ma réponse ? Je n’ai tout simplement rien pensé. Et ce fut la même chose pour nous tous. Lorsqu’aujourd’hui on regarde les images de Kazan on peut voit ce que j’essaie ici de décrire. C’était le néant, le vide total. Nous avons bien-sûr compris que nous étions éliminés mais nous ne pouvions pas le concevoir. C’était réel et surréaliste à la fois, ça ne pouvait tout simplement pas être vrai.

J’ai quand-même de bons souvenirs de ce tournoi en Russie, notamment des personnes incroyables que nous avons rencontré là-bas. Les Russes ont fait preuve d’une hospitalité hors du commun. Ils étaient très amicaux et très serviables. C’est ce que nous avons pu voir dans notre camp de base, pendant nos déplacements et lorsque nous étions à l’hôtel. Sinon ? Des points positifs concernant le sportif ? Tout le monde est au courant : il y en a peu. Le match de la Suède, le but de Toni Kroos et la victoire 2-1. Sur le moment, ça a été un sentiment incroyable, mais rien de plus. Pour moi, mais aussi pour tous, le Mondial a été incroyablement exigeant.

Je me souviens encore qu’on avait déjà vécu de bons moments en dehors du terrain lors de l’EURO 2016. Nous avions joué à la pétanque, au tennis, au billard. En Russie, il n’y avait d’activités de ce type pour moi. Dès le début, j’ai été beaucoup sollicité en tant que capitaine. J’ai eu de nombreuses discussions avec l’entraîneur, avec le staff et en individuel avec certains joueurs. De plus, je revenais d’une longue blessure donc j’avais également beaucoup de travail à faire sur moi-même. Après avoir été éloigné des terrains aussi longtemps, tout est plus sensible et à la fois plus intense. C’est pourquoi il n’y avait pas de place pour les distractions, quelles qu’elles soient. Nous n’avons pas été bons dans cette Coupe du Monde. Point. Nous avons été logiquement éliminés au premier tour. Point. Nous avons déçu les supporters. Nous nous sommes déçus nous-mêmes et cela nous attriste encore aujourd’hui.

Un passage compliqué

Après notre atterrissage à Francfort, j’ai dû encore plus assumer mon rôle de capitaine. L’opinion public attendait une explication. Mais que devais-je expliquer ? Lorsque je suis apparu devant la presse à l’aéroport, j’ai été assommé par le nombre de journalistes, toute cette situation m’a agacé. Ce que je veux dire c’est que je suis là depuis déjà pas mal d’années mais je suis parfois encore surpris de l’importance que le football peut avoir en Allemagne.

Nous nous plaignons régulièrement de la rapidité qui peut y avoir dans notre domaine. En cas d’échec, je ne me plains pas. Nous avons eu des vacances plus longues que ce que nous souhaitions et pourtant cela a été très court. C’était très dur pour moi de prendre de la distance avec tout ça. La Coupe du Monde était présente partout, dans les conversations, à la télévision. Pour moi, ça a été un soulagement de retrouver la Nationalmannschaft en septembre. Bien-sûr nous avions déjà discuté entre nous avant ce rassemblement mais cela a quand-même été important pour beaucoup de discuter en groupe de ce qu’il s’était passé en Russie. Pour avancer, l’analyse commune de cet échec et le travail sur nous-mêmes ont été très importants.

Nous avons maintenant une nouvelle Nationalmannschaft. Certains joueurs qui ont longtemps joué à mes côtés sont partis, c’est comme ça. L’analyse de notre Coupe du Monde a eu quelques conséquences. Le sélectionneur a changé le visage de l’équipe en donnant une chance à beaucoup de jeunes joueurs. Premièrement, je trouve que c'est tout à fait normal et deuxièmement je trouve cela vraiment excitant. J’apprends à connaître de nouveaux joueurs, de nouvelles personnes. Cela libère beaucoup d’énergie de tous les côtés. En tant que capitaine c’est quelque chose de nouveau, c’est très intéressant, ça me met au défi et je veux être défié. Écouter les ressentis de ces joueurs m’apporte quelque chose. Lors des causeries en équipe nationale, je cherche le contact avec ces jeunes joueurs, je m’assois avec eux à table et je les écoute. Les autres « anciens » de l’équipe font la même chose.

Repartir de l’avant

De temps en temps, je repense à mes débuts. À cette époque, il était impensable que de jeunes joueurs aient autant de contact avec des joueurs plus expérimentés. C’était beaucoup plus hiérarchique et j’étais aussi plus timide que le sont les garçons. Aujourd’hui, les jeunes joueurs osent beaucoup plus vite, ils s’impliquent et expriment leurs opinions. Et si non, nous les encourageons. Ce groupe me donne beaucoup de plaisir. Je trouve cela juste que Joachim Löw utilise également des joueurs expérimentés pour encadrer les plus jeunes. Cette composition créé une nouvelle dynamique qui profite à chacun.

Ce qui est né de cette Coupe du Monde est une chose dont pouvons être fiers. Oui, il y a eu des défaites amères, le 0-3 à Amsterdam en fait partie. Sinon, je trouve que la tendance est positive. Je sais que nous avons été rétrogradés en Ligue des Nations et ça ne sert à rien d’argumenter face à des résultats. Pourtant, il est actuellement plus important pour moi de jouer en équipe et cela a été le cas lors des deux matchs face à la France mais aussi face à la Russie et lors du match retour contre les Pays-Bas, malgré le résultat décevant. Nous avons un nouvel élan et un nouvel état d’esprit au sein de l’équipe. Ce sont de bons ingrédients pour le futur.

Mon bilan de 2018 est le suivant : j’ai hâte de débuter 2019. La Nationalmannschaft a perdu beaucoup de crédit. La réticence des fans lors des matchs face à la Russie et aux Pays-Bas l’a très clairement montré. Mais je suis sûr que nous allons réussir à nous sortir de cette situation. Il y a un énorme enthousiasme au sein de cette équipe et nous allons tout faire pour que l’enthousiasme suscité par l’équipe soit de nouveau énorme.

[DFB ]

Une longue blessure, un comeback, une élimination précoce du Mondial, une phase de transition entamée à l’automne : Manuel Neuer, le gardien et capitaine de la Nationalmannschaft revient pour DFB.de sur son année 2018 et évoque ce qui attend l’équipe pour 2019.

J’ai toujours en tête en phrase de Thomas Müller lors du stage d’entraînement dans le Tyrol italien juste avant la Coupe du Monde : « Mais là je suis mort de rire » a-t-il lancé sans pour autant éclater de rire. Je ne sais toujours pas précisément pourquoi la balle n’est pas passée à côté de moi. C’était une drôle d’action. Thomas a récupéré la balle de près en s’arrachant et a déclenché une lourde frappe. La balle est venue sur moi, je ne sais plus à quel endroit mais je sais juste qu’elle n’est pas rentrée au fond des filets. Cette action m’a fait du bien mais ce sont les impressions de mes coéquipiers et de l’entraîneur qui m’ont le plus touché. On sentait qu’ils me faisaient de plus en plus confiance, tout cela est gratifiant et encore plus lorsque cela vient de coéquipiers comme Thomas Müller. Quelques jours plus tard je débutais le match amical face à l’Autriche dans la peau d’un titulaire. Je n’avais plus joué avec la Mannschaft depuis 598 jours. J’ai ensuite été sélectionné dans le groupe définitif pour la Coupe du Monde en Russie. À ce moment-là, une chose était claire pour moi : mission accomplie, j’ai atteint l’objectif que je m’étais fixé.

La fierté. Un sentiment que je ne ressens que très rarement dans ma carrière professionnelle. Mais ici, dans ce cas précis, le terme est approprié. J’étais fier du chemin parcouru et de voir que tout ça était maintenant derrière moi. Fier des efforts que j’ai réalisé avec envie, rigueur et détermination. Beaucoup de gens de mon entourage ont aussi joué un rôle important. Ils se sont consacrés à ma rééducation et se sont occupés de moi de façon incroyable avec beaucoup de dévouement. Bien sûr, il y a les médecins et les physiothérapeutes mais comme je ne veux oublier personne, je voudrais ici m’adresser à l’ensemble des personnes qui m’ont accompagné : merci pour tout !

Presque médecin

Ma rééducation a été marquée par différentes étapes. En janvier, j’ai pu laisser mes béquilles dans un coin, ça a naturellement marqué un tournant dans ma rééducation. Pour moi, toutes les visites chez le médecin ont été précieuses tout comme les résultats positifs lors des radios et des IRM. Au fil du temps je suis presque devenu médecin, je pouvais moi-même observer les progrès et les interpréter. Il n’y a pas eu de moment clé dans ma rééducation, il n’y a pas un résultat éclipse les autres. Il y a eu plusieurs étapes : la première fois sur le terrain, la première fois avec la balle puis la première fois avec l’équipe.

La pause en février a été importante pour moi. J’ai passé dix jours en Thaïlande avec ma femme. Ce n’était pas des vacances classiques car j’ai continué ma rééducation sur place mais ce changement de décors m’a quand-même fait du bien. Les médecins m’avaient déjà pas mal recommandé de faire une coupure avec mon quotidien. Pour moi, février était le bon moment pour le faire car je pouvais de nouveau tout faire par moi-même au quotidien. Pour moi c’était important mais ça l’a été encore pour ma femme. Lors de notre mariage je me déplaçais encore avec des béquilles, ce fut la même chose lors de notre lune de miel. Durant ces derniers mois elle m’a rendu des milliers de petits et grands services. Elle m’apportait le café, me préparait mon petit-déjeuner. C’était toujours elle qui se levait tôt et qui m’apportait ce dont je pensais avoir besoin. C’est pour ça que je ne voulais pas qu’elle soit mon infirmière personnelle pendant nos vacances.

« Certes, je ne pouvais pas jouer mais je n’étais pas passif pour autant »

On m’a beaucoup demandé comment est-ce que j’avais vécu ce rôle de spectateur, à quel point est-ce que cela est insupportable de ne pas pouvoir jouer en Bundesliga, en Coupe d’Allemagne et en Ligue des Champions et je suis moi-même surpris de ma réponse : ce n’était pas spécialement difficile. J’ai toujours su que je ne pouvais rien faire à part travailler sans relâche pour pouvoir faire mon retour et faire confiance aux médecins, aux physiothérapeutes et surtout à moi-même. Je ne suis pas plus fort que la nature, il n’y a pas de bouton d’accélérateur, on ne peut pas mettre le turbo. Certes, je ne pouvais pas jouer mais je n’étais pas passif pour autant. Et ce rôle m’a plu.

Pour moi, la situation aurait été encore plus délicate si la situation sportive du Bayern n’avait pas été aussi confortable. Au début, Sven Ulreich était un petit peu hésitant mais il a progressé et il est vraiment devenu très solide au fil des semaines. Avec ça il m’a beaucoup aidé. Je ne vais pas m’étendre plus longtemps sur la fin de saison du Bayern. On aurait tous bien voulu remporter d’autres titres en plus du championnat même si je veux préciser que je ne minimiserai jamais le titre en Bundesliga. C’est une vraie performance de dominer toutes les autres équipes de Bundesliga. La saison en cours nous prouve que ce n’est jamais évident de devenir champion d’Allemagne et que le fait le répéter ce même exploit tous les ans reste quelque chose de spécial.

Le vide total

Quand je reviens sur cette année 2018, je ne peux pas ne pas parler de ce qui s’est passé cet été en Russie. Il y a une question que l’on pose souvent : quelles sont les choses qui me sont venues à l’esprit dans les premières secondes après le coup de sifflet final du match contre la Corée du Sud. Ma réponse ? Je n’ai tout simplement rien pensé. Et ce fut la même chose pour nous tous. Lorsqu’aujourd’hui on regarde les images de Kazan on peut voit ce que j’essaie ici de décrire. C’était le néant, le vide total. Nous avons bien-sûr compris que nous étions éliminés mais nous ne pouvions pas le concevoir. C’était réel et surréaliste à la fois, ça ne pouvait tout simplement pas être vrai.

J’ai quand-même de bons souvenirs de ce tournoi en Russie, notamment des personnes incroyables que nous avons rencontré là-bas. Les Russes ont fait preuve d’une hospitalité hors du commun. Ils étaient très amicaux et très serviables. C’est ce que nous avons pu voir dans notre camp de base, pendant nos déplacements et lorsque nous étions à l’hôtel. Sinon ? Des points positifs concernant le sportif ? Tout le monde est au courant : il y en a peu. Le match de la Suède, le but de Toni Kroos et la victoire 2-1. Sur le moment, ça a été un sentiment incroyable, mais rien de plus. Pour moi, mais aussi pour tous, le Mondial a été incroyablement exigeant.

Je me souviens encore qu’on avait déjà vécu de bons moments en dehors du terrain lors de l’EURO 2016. Nous avions joué à la pétanque, au tennis, au billard. En Russie, il n’y avait d’activités de ce type pour moi. Dès le début, j’ai été beaucoup sollicité en tant que capitaine. J’ai eu de nombreuses discussions avec l’entraîneur, avec le staff et en individuel avec certains joueurs. De plus, je revenais d’une longue blessure donc j’avais également beaucoup de travail à faire sur moi-même. Après avoir été éloigné des terrains aussi longtemps, tout est plus sensible et à la fois plus intense. C’est pourquoi il n’y avait pas de place pour les distractions, quelles qu’elles soient. Nous n’avons pas été bons dans cette Coupe du Monde. Point. Nous avons été logiquement éliminés au premier tour. Point. Nous avons déçu les supporters. Nous nous sommes déçus nous-mêmes et cela nous attriste encore aujourd’hui.

Un passage compliqué

Après notre atterrissage à Francfort, j’ai dû encore plus assumer mon rôle de capitaine. L’opinion public attendait une explication. Mais que devais-je expliquer ? Lorsque je suis apparu devant la presse à l’aéroport, j’ai été assommé par le nombre de journalistes, toute cette situation m’a agacé. Ce que je veux dire c’est que je suis là depuis déjà pas mal d’années mais je suis parfois encore surpris de l’importance que le football peut avoir en Allemagne.

Nous nous plaignons régulièrement de la rapidité qui peut y avoir dans notre domaine. En cas d’échec, je ne me plains pas. Nous avons eu des vacances plus longues que ce que nous souhaitions et pourtant cela a été très court. C’était très dur pour moi de prendre de la distance avec tout ça. La Coupe du Monde était présente partout, dans les conversations, à la télévision. Pour moi, ça a été un soulagement de retrouver la Nationalmannschaft en septembre. Bien-sûr nous avions déjà discuté entre nous avant ce rassemblement mais cela a quand-même été important pour beaucoup de discuter en groupe de ce qu’il s’était passé en Russie. Pour avancer, l’analyse commune de cet échec et le travail sur nous-mêmes ont été très importants.

Nous avons maintenant une nouvelle Nationalmannschaft. Certains joueurs qui ont longtemps joué à mes côtés sont partis, c’est comme ça. L’analyse de notre Coupe du Monde a eu quelques conséquences. Le sélectionneur a changé le visage de l’équipe en donnant une chance à beaucoup de jeunes joueurs. Premièrement, je trouve que c'est tout à fait normal et deuxièmement je trouve cela vraiment excitant. J’apprends à connaître de nouveaux joueurs, de nouvelles personnes. Cela libère beaucoup d’énergie de tous les côtés. En tant que capitaine c’est quelque chose de nouveau, c’est très intéressant, ça me met au défi et je veux être défié. Écouter les ressentis de ces joueurs m’apporte quelque chose. Lors des causeries en équipe nationale, je cherche le contact avec ces jeunes joueurs, je m’assois avec eux à table et je les écoute. Les autres « anciens » de l’équipe font la même chose.

Repartir de l’avant

De temps en temps, je repense à mes débuts. À cette époque, il était impensable que de jeunes joueurs aient autant de contact avec des joueurs plus expérimentés. C’était beaucoup plus hiérarchique et j’étais aussi plus timide que le sont les garçons. Aujourd’hui, les jeunes joueurs osent beaucoup plus vite, ils s’impliquent et expriment leurs opinions. Et si non, nous les encourageons. Ce groupe me donne beaucoup de plaisir. Je trouve cela juste que Joachim Löw utilise également des joueurs expérimentés pour encadrer les plus jeunes. Cette composition créé une nouvelle dynamique qui profite à chacun.

Ce qui est né de cette Coupe du Monde est une chose dont pouvons être fiers. Oui, il y a eu des défaites amères, le 0-3 à Amsterdam en fait partie. Sinon, je trouve que la tendance est positive. Je sais que nous avons été rétrogradés en Ligue des Nations et ça ne sert à rien d’argumenter face à des résultats. Pourtant, il est actuellement plus important pour moi de jouer en équipe et cela a été le cas lors des deux matchs face à la France mais aussi face à la Russie et lors du match retour contre les Pays-Bas, malgré le résultat décevant. Nous avons un nouvel élan et un nouvel état d’esprit au sein de l’équipe. Ce sont de bons ingrédients pour le futur.

Mon bilan de 2018 est le suivant : j’ai hâte de débuter 2019. La Nationalmannschaft a perdu beaucoup de crédit. La réticence des fans lors des matchs face à la Russie et aux Pays-Bas l’a très clairement montré. Mais je suis sûr que nous allons réussir à nous sortir de cette situation. Il y a un énorme enthousiasme au sein de cette équipe et nous allons tout faire pour que l’enthousiasme suscité par l’équipe soit de nouveau énorme.

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