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Kroos : « Nous avons beaucoup progressé cette année »

Leader dans l'âme, que ce soit sur le terrain ou en dehors, Toni Kroos fait partie de la colonne vertébrale de l'équipe nationale. Pour DFB.de, la star du Real Madrid revient sur l'année 2019 et sur ses objectifs pour 2020.

DFB.de : Monsieur Kroos, quel est le moment qui vous a marqué en 2019, d'un point de vue sportif ?

Toni Kroos : Il y a eu beaucoup de beaux moments, que ce soit au Real Madrid ou en équipe nationale. Mais nous n'avons pas gagné de titre avec le Real, ce qui n'est pas habituel pour ce club. Honnêtement, je ne vois pas de moment absolument marquant. C'est difficile à la fin d'une année civile car en réalité, nous sommes au milieu de la saison et les matchs importants n'ont pas encore été joués. La première moitié de saison, l'objectif est surtout de monter en puissance pour être prêt au moment des grandes échéances du printemps et de l'été.

DFB.de : Vous avez marqué le but de la victoire lors de votre 100e match de ligue des champions à Istanbul contre Galatasaray. Quelle signification cela a-t-il pour vous ?

Kroos : C'était un beau moment, c'est vrai. Mais surtout parce que c'était un but important dans un match qui comptait beaucoup pour nous. Nous n'avions pris qu'un point lors des deux premières journées, donc nous étions condamnés à la victoire. Je n'accorde pas beaucoup de valeur aux chiffres et aux statistiques. J'ai appris juste avant la rencontre que ça serait ma 100e en ligue des champions, c'est un employé du Real qui m'en a informé. Que je marque le but de la victoire ce jour-là, c'était un beau clin d’œil. Le principal, c'est que ce but nous ait permis de remporter le match. Pareil pour mes deux buts en équipe nationale contre la Biélorussie, ce qui compte ce n'est pas de savoir qui a marqué mais que nous ayons remporté le match.

DFB.de : C'est donc difficile pour vous de déterminer le moment fort de l'année au niveau sportif. Sur le plan de la vie privée ça devrait être un peu plus facile, n'est-ce pas ?

Kroos : C'est vrai. La naissance de notre troisième enfant est tout en haut. Je suis de nouveau devenu papa en mars, il n'y a rien de plus important. Tout ceux qui l'ont vécu savent qu'il n'y a rien de plus marquant. Et tous ceux qui me connaissent savent à quel point je m'investis dans mon rôle de père de famille. Pour moi c'est ce qu'il y a de plus beau et de plus important, le reste paraît secondaire à côté.

DFB.de : L'équipe nationale est actuellement en phase de reconstruction. Au Real Madrid également, il y a eu beaucoup de changements en début de saison. Les deux situations sont-elles comparables ?

Kroos : Il y a certains éléments communs, effectivement. Mais je pense que le changement est plus notable en équipe d'Allemagne qu'en club. Au Real, même s'il y a eu des changements importants, c'était plus ponctuel et nous avons également recruté des joueurs d'expérience. Je pense qu'avec la Mannschaft, les changements sont plus profonds.

DFB.de : Avez-vous eu du mal à vous habituer à l'absence de Thomas Müller, Mats Hummels et Jérôme Boateng en équipe nationale ?

Kroos : Non. C'est le football, il y a parfois des changements. Je vis ça depuis plus de dix ans, les joueurs viennent et repartent, les entraîneurs aussi, on doit faire avec.

DFB.de : Ça semble raisonnable. Mais avec le temps on peut imaginer que des liens se sont crées. Est-ce si facile de s'en défaire ?

Kroos : Évidemment sur le plan humain, c'était difficile car nous avons passé beaucoup de temps ensemble avec ces joueurs et du jour au lendemain, ils ne sont plus là. Mais ça fait partie de notre métier et j'essaie autant que possible de mettre mes émotions de côté.

DFB.de : La reconstruction passe par l'arrivée de nouveau joueurs dans l'effectif. Comment le vivez-vous ? Êtes-vous curieux de voir comment vont évoluer les jeunes joueurs qui ont récemment rejoint l'équipe ?

Kroos : Bien sûr, j'ai hâte de voir ce qu'ils vont faire. En Espagne je ne regarde pas non plus chaque semaine la Bundesliga, pas parce que ça ne m’intéresse pas mais parce que je n'ai pas toujours le temps et que je joue souvent au même moment. Et aussi parce que j'ai trois enfants à la maison avec qui je veux passer du temps. Il y a quelques jeunes joueurs que je ne connais pas encore très bien donc je suis pressé de m'entraîner et de jouer avec eux. Quel est leur niveau, et comment se comportent-ils en dehors du terrain ? Même si la majorité d'entre eux m'a déjà l'air assez lucide, c'est important que toute l'équipe s'entende bien.

DFB.de : Vous devez être onze amis…

Kroos : Non, nous n'avons pas besoin d'être les meilleurs amis du monde. Mais une ambiance positive est une base importante pour obtenir des succès en équipe.

DFB.de : Avec le temps, vous sentez-vous responsable de l'ambiance au sein du groupe ? Faites-vous en sorte que l'intégration des nouveaux joueurs se passent sans problème ?

Kroos : Oui mais je ne suis pas le seul. C'est dans notre intérêt à tous qu'il règne une bonne atmosphère. Mais j'ai l'impression que c'est le cas actuellement. Chacun a son caractère, certains sont plus solitaires, d'ailleurs je fais partie de ceux-là. Mais ça n'a rien à voir avec un manque d'intégration. Ce qui compte, c'est que tout le monde se sente bien.

DFB.de : Qui dit reconstruction dit aussi changement de style de jeu. Par exemple moins de jeu de possession et plus de contre-attaques. Ces changements sont-ils sensibles ? Avez-vous dû vous adapter pendant les matchs ?

Kroos : Quand une équipe souhaite changer de mise en place tactique, chaque joueur doit également regarder s'il doit adapter sa façon de jouer. Moi le premier, je me suis demandé ce qu'attendait l'entraîneur, quelle stratégie il voulait mettre en place et quel rôle je devais jouer à l'intérieur de celle-ci. L'un des aspects est que nous voulons avoir un jeu plus direct. Le coach a donc sélectionné des joueurs qui correspondent à ce style de jeu. Les meilleures idées sont inutiles s'il manque les joueurs pour les mettre en pratique. C'est clair que ça a eu des conséquences pour moi, même si beaucoup de choses qui ont été dites sont exagérées.

DFB.de : Lesquelles par exemple ?

Kroos : Quand on dit qu'on a totalement renoncé à la possession de balle, ce n'est pas exact. Je pense toujours que c'est important de bien construire les actions et de travailler les combinaisons en phase offensive. De plus, il sera fréquent que les adversaires choisissent de jouer bas face à nous et de nous laisser la balle. Si nous ne sommes pas prêt à faire le jeu, alors bon courage !

DFB.de : Donc tout est comme avant.

Kroos : Pour nous le plus important, c'est de bien analyser comment nous pourrons marquer le plus de buts. Parfois c'est en jouant des long ballons, parfois en étant un peu plus bas et en misant sur les contres. Ça dépend de l'adversaire et également du déroulement du match.

DFB.de : Avant le mondial 2018, vous faisiez partie de ceux qui ont tiré la sonnette d'alarme. En cette fin d'année 2019, comment voyez-vous l'EURO 2020 qui se profile ?

Kroos : Je pense que nous avions de bonnes intentions et que nous avons bien joué la plupart du temps cette année. Parfois même contre de très bons adversaires, comme les Pays- bas. Je trouve que nous avons beaucoup progressé. Mais nous n'avons pas assez souvent réussi à être constants pendant 90 minutes. Lors d'un tournoi, c'est indispensable si on veut connaître le succès. On ne peut pas se permettre d'être performant seulement pendant des bouts de matchs. On peut se faire éliminer si on joue mal ne serait-ce qu'une demi-heure.

DFB.de : L'Allemagne compte-t-elle parmi les favoris ?

Kroos : Non, il faut rester réaliste. En tout cas en l'état actuel des choses, mais ça ne veut pas dire que nous ne sommes pas ambitieux : nous avons de grands objectifs et voulons aller le plus loin possible dans la compétition. Je pense simplement qu'il est trop tôt pour faire des pronostics. Il faut attendre de voir quelle sera la situation dans six mois. Par exemple, on ne sait pas dans quel état seront Leroy Sané et Niklas Süle. Ce qui est sûr, c'est que nous voulons mettre à profit le peu de temps et les quelques matchs qu'il nous reste pour nous préparer au mieux. La vérité, c'est qu'il y a actuellement deux, trois nations qui sont un peu plus avancées que nous. Mais ça ne signifie pas que ça doit forcément être encore le cas au mois de juin.

DFB.de : Vous réjouissez-vous à l'idée de disputer trois matchs à domicile à Munich ?

Kroos : Au delà du lieu, je trouve ça génial de jouer à domicile. J’espère que ça sera un avantage pour nous. Les supporters ont hâte et moi aussi, ainsi que toute l'équipe.

DFB.de : Concernant la poursuite de votre carrière internationale, vous souhaitez y réfléchir après l'EURO. Quelle sera l'importance de la réussite sportive dans votre décision ?

Kroos : Aucune importance, ça ne joue aucun rôle. Si ça devait influer sur ma décision, j'aurais arrêté après la victoire au mondial 2014 ou alors après l'élimination au premier tour en 2018. Ce sont d'autres aspects qui dicteront mon choix. Quand un nouveau cycle débute, je veux être sûr que je peux aller au bout de celui-ci en me maintenant à mon meilleur niveau. Personne ne sait mieux que moi ce qui est nécessaire pour cela et ce dont mon corps a besoin. Pour le moment, je suis totalement concentré sur l'EURO, après seulement je réfléchirai à tout ça.

DFB.de : Mais vous êtes d'accord que vous êtes typiquement le genre de joueur capable de se maintenir le plus longtemps possible au plus haut niveau, non ?

Kroos : Pourquoi ?

DFB.de : Votre style de jeu n'est pas basé sur la vitesse ou la puissance, mais plutôt sur la précision et la compréhension du jeu. Ce sont des qualités qui ne se perdent pas avec l'âge.

Kroos : C'est vrai en partie seulement. Certes, je ne suis pas le joueur le plus rapide. Mais je fais toujours partie de ceux qui courent le plus pendant un match. Peut-être pas au niveau des courses à haute intensité, mais si on regarde le nombre de kilomètres parcourus, je suis régulièrement dans les trois premiers. Et ça, tous les trois ou quatre jours. Évidemment, ça commence à se faire sentir au fur et à mesure que les années passent. Ensuite, le fait de savoir si je vais continuer à jouer en équipe nationale n'est pas seulement une question de capacité, mais aussi de volonté.

DFB.de : Il va falloir que vous nous expliquiez.

Kroos : En plus de la contrainte physique, il y a la contrainte mentale. Je suis très attaché à ma famille et avec tous les voyages que nous effectuons, je dois renoncer à passer du temps avec eux. Pour moi c'est un vrai sacrifice. Le temps qu'on ne passe pas avec ses enfants ne se rattrape pas, et ils ont besoin de la présence de leurs deux parents, surtout dans les premières années de leur vie. Ça joue également un rôle. La question est donc de savoir ce que m'apporterait la poursuite de ma carrière internationale et si je suis prêt pour cela à renoncer à d'autres choses.

DFB.de : En plus d'être un footballeur et un père de famille, vous vous investissez dans la fondation qui porte votre nom. Pouvez-vous également faire un bilan de l'année 2019, mais cette fois-ci du point de vue de la fondation ?

Kroos : Notre travail avec la fondation a débuté il y environ quatre ans et demi. Il y a eu beaucoup de beaux moments. C'est toujours exceptionnel d'avoir un retour et d'entendre que notre aide a été utile et a soulagé une famille. C'est avant tout ce qui compte pour nous, de savoir que nous avons pu aider un enfant et sa famille.

DFB.de : Êtes-vous particulièrement heureux que votre fondation ait ouvert un hospice pour enfants à Greifswald, votre ville de naissance ?

Kroos : Notre travail avec cet hospice vient seulement de commencer. Nous avons simplement regardé ce que nous pouvions faire dans l'endroit d'où je viens. Le travail que nous faisons n'est pas différent de celui effectué à Düsseldorf ou à Berlin. Les employés de l’hôpital rendent visitent aux familles et tentent d'aider là où ils peuvent.

DFB.de : La fondation aide des enfants atteints de maladies graves. À quel point cela vous touche-t-il quand vous apprenez que l'un d'entre eux a perdu la vie ?

Kroos : Ce n'est pas facile à accepter. Il y a eu un cas récemment qui m'a beaucoup touché, c'était celui d'une petite fille à Berlin. Elle rêvait de faire un tour en hélicoptère. Nous avons pu réaliser son vœux mais elle est décédée quelques temps après. Ça nous a particulièrement marqué, en particulier mon frère qui l'avait rencontrée quelques jours avant.

DFB.de : En tant que père de famille, ce genre d'histoires doit également particulièrement vous toucher.

Kroos : Complètement. Malgré tout, le cas de cette petite fille est une confirmation du bien que peut faire la fondation. Nous avons permis à cet enfant d'être heureux les dernières heures de sa vie, d'éprouver de la joie et de s'amuser. C'est un beau sentiment malgré la tristesse.

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Leader dans l'âme, que ce soit sur le terrain ou en dehors, Toni Kroos fait partie de la colonne vertébrale de l'équipe nationale. Pour DFB.de, la star du Real Madrid revient sur l'année 2019 et sur ses objectifs pour 2020.

DFB.de : Monsieur Kroos, quel est le moment qui vous a marqué en 2019, d'un point de vue sportif ?

Toni Kroos : Il y a eu beaucoup de beaux moments, que ce soit au Real Madrid ou en équipe nationale. Mais nous n'avons pas gagné de titre avec le Real, ce qui n'est pas habituel pour ce club. Honnêtement, je ne vois pas de moment absolument marquant. C'est difficile à la fin d'une année civile car en réalité, nous sommes au milieu de la saison et les matchs importants n'ont pas encore été joués. La première moitié de saison, l'objectif est surtout de monter en puissance pour être prêt au moment des grandes échéances du printemps et de l'été.

DFB.de : Vous avez marqué le but de la victoire lors de votre 100e match de ligue des champions à Istanbul contre Galatasaray. Quelle signification cela a-t-il pour vous ?

Kroos : C'était un beau moment, c'est vrai. Mais surtout parce que c'était un but important dans un match qui comptait beaucoup pour nous. Nous n'avions pris qu'un point lors des deux premières journées, donc nous étions condamnés à la victoire. Je n'accorde pas beaucoup de valeur aux chiffres et aux statistiques. J'ai appris juste avant la rencontre que ça serait ma 100e en ligue des champions, c'est un employé du Real qui m'en a informé. Que je marque le but de la victoire ce jour-là, c'était un beau clin d’œil. Le principal, c'est que ce but nous ait permis de remporter le match. Pareil pour mes deux buts en équipe nationale contre la Biélorussie, ce qui compte ce n'est pas de savoir qui a marqué mais que nous ayons remporté le match.

DFB.de : C'est donc difficile pour vous de déterminer le moment fort de l'année au niveau sportif. Sur le plan de la vie privée ça devrait être un peu plus facile, n'est-ce pas ?

Kroos : C'est vrai. La naissance de notre troisième enfant est tout en haut. Je suis de nouveau devenu papa en mars, il n'y a rien de plus important. Tout ceux qui l'ont vécu savent qu'il n'y a rien de plus marquant. Et tous ceux qui me connaissent savent à quel point je m'investis dans mon rôle de père de famille. Pour moi c'est ce qu'il y a de plus beau et de plus important, le reste paraît secondaire à côté.

DFB.de : L'équipe nationale est actuellement en phase de reconstruction. Au Real Madrid également, il y a eu beaucoup de changements en début de saison. Les deux situations sont-elles comparables ?

Kroos : Il y a certains éléments communs, effectivement. Mais je pense que le changement est plus notable en équipe d'Allemagne qu'en club. Au Real, même s'il y a eu des changements importants, c'était plus ponctuel et nous avons également recruté des joueurs d'expérience. Je pense qu'avec la Mannschaft, les changements sont plus profonds.

DFB.de : Avez-vous eu du mal à vous habituer à l'absence de Thomas Müller, Mats Hummels et Jérôme Boateng en équipe nationale ?

Kroos : Non. C'est le football, il y a parfois des changements. Je vis ça depuis plus de dix ans, les joueurs viennent et repartent, les entraîneurs aussi, on doit faire avec.

DFB.de : Ça semble raisonnable. Mais avec le temps on peut imaginer que des liens se sont crées. Est-ce si facile de s'en défaire ?

Kroos : Évidemment sur le plan humain, c'était difficile car nous avons passé beaucoup de temps ensemble avec ces joueurs et du jour au lendemain, ils ne sont plus là. Mais ça fait partie de notre métier et j'essaie autant que possible de mettre mes émotions de côté.

DFB.de : La reconstruction passe par l'arrivée de nouveau joueurs dans l'effectif. Comment le vivez-vous ? Êtes-vous curieux de voir comment vont évoluer les jeunes joueurs qui ont récemment rejoint l'équipe ?

Kroos : Bien sûr, j'ai hâte de voir ce qu'ils vont faire. En Espagne je ne regarde pas non plus chaque semaine la Bundesliga, pas parce que ça ne m’intéresse pas mais parce que je n'ai pas toujours le temps et que je joue souvent au même moment. Et aussi parce que j'ai trois enfants à la maison avec qui je veux passer du temps. Il y a quelques jeunes joueurs que je ne connais pas encore très bien donc je suis pressé de m'entraîner et de jouer avec eux. Quel est leur niveau, et comment se comportent-ils en dehors du terrain ? Même si la majorité d'entre eux m'a déjà l'air assez lucide, c'est important que toute l'équipe s'entende bien.

DFB.de : Vous devez être onze amis…

Kroos : Non, nous n'avons pas besoin d'être les meilleurs amis du monde. Mais une ambiance positive est une base importante pour obtenir des succès en équipe.

DFB.de : Avec le temps, vous sentez-vous responsable de l'ambiance au sein du groupe ? Faites-vous en sorte que l'intégration des nouveaux joueurs se passent sans problème ?

Kroos : Oui mais je ne suis pas le seul. C'est dans notre intérêt à tous qu'il règne une bonne atmosphère. Mais j'ai l'impression que c'est le cas actuellement. Chacun a son caractère, certains sont plus solitaires, d'ailleurs je fais partie de ceux-là. Mais ça n'a rien à voir avec un manque d'intégration. Ce qui compte, c'est que tout le monde se sente bien.

DFB.de : Qui dit reconstruction dit aussi changement de style de jeu. Par exemple moins de jeu de possession et plus de contre-attaques. Ces changements sont-ils sensibles ? Avez-vous dû vous adapter pendant les matchs ?

Kroos : Quand une équipe souhaite changer de mise en place tactique, chaque joueur doit également regarder s'il doit adapter sa façon de jouer. Moi le premier, je me suis demandé ce qu'attendait l'entraîneur, quelle stratégie il voulait mettre en place et quel rôle je devais jouer à l'intérieur de celle-ci. L'un des aspects est que nous voulons avoir un jeu plus direct. Le coach a donc sélectionné des joueurs qui correspondent à ce style de jeu. Les meilleures idées sont inutiles s'il manque les joueurs pour les mettre en pratique. C'est clair que ça a eu des conséquences pour moi, même si beaucoup de choses qui ont été dites sont exagérées.

DFB.de : Lesquelles par exemple ?

Kroos : Quand on dit qu'on a totalement renoncé à la possession de balle, ce n'est pas exact. Je pense toujours que c'est important de bien construire les actions et de travailler les combinaisons en phase offensive. De plus, il sera fréquent que les adversaires choisissent de jouer bas face à nous et de nous laisser la balle. Si nous ne sommes pas prêt à faire le jeu, alors bon courage !

DFB.de : Donc tout est comme avant.

Kroos : Pour nous le plus important, c'est de bien analyser comment nous pourrons marquer le plus de buts. Parfois c'est en jouant des long ballons, parfois en étant un peu plus bas et en misant sur les contres. Ça dépend de l'adversaire et également du déroulement du match.

DFB.de : Avant le mondial 2018, vous faisiez partie de ceux qui ont tiré la sonnette d'alarme. En cette fin d'année 2019, comment voyez-vous l'EURO 2020 qui se profile ?

Kroos : Je pense que nous avions de bonnes intentions et que nous avons bien joué la plupart du temps cette année. Parfois même contre de très bons adversaires, comme les Pays- bas. Je trouve que nous avons beaucoup progressé. Mais nous n'avons pas assez souvent réussi à être constants pendant 90 minutes. Lors d'un tournoi, c'est indispensable si on veut connaître le succès. On ne peut pas se permettre d'être performant seulement pendant des bouts de matchs. On peut se faire éliminer si on joue mal ne serait-ce qu'une demi-heure.

DFB.de : L'Allemagne compte-t-elle parmi les favoris ?

Kroos : Non, il faut rester réaliste. En tout cas en l'état actuel des choses, mais ça ne veut pas dire que nous ne sommes pas ambitieux : nous avons de grands objectifs et voulons aller le plus loin possible dans la compétition. Je pense simplement qu'il est trop tôt pour faire des pronostics. Il faut attendre de voir quelle sera la situation dans six mois. Par exemple, on ne sait pas dans quel état seront Leroy Sané et Niklas Süle. Ce qui est sûr, c'est que nous voulons mettre à profit le peu de temps et les quelques matchs qu'il nous reste pour nous préparer au mieux. La vérité, c'est qu'il y a actuellement deux, trois nations qui sont un peu plus avancées que nous. Mais ça ne signifie pas que ça doit forcément être encore le cas au mois de juin.

DFB.de : Vous réjouissez-vous à l'idée de disputer trois matchs à domicile à Munich ?

Kroos : Au delà du lieu, je trouve ça génial de jouer à domicile. J’espère que ça sera un avantage pour nous. Les supporters ont hâte et moi aussi, ainsi que toute l'équipe.

DFB.de : Concernant la poursuite de votre carrière internationale, vous souhaitez y réfléchir après l'EURO. Quelle sera l'importance de la réussite sportive dans votre décision ?

Kroos : Aucune importance, ça ne joue aucun rôle. Si ça devait influer sur ma décision, j'aurais arrêté après la victoire au mondial 2014 ou alors après l'élimination au premier tour en 2018. Ce sont d'autres aspects qui dicteront mon choix. Quand un nouveau cycle débute, je veux être sûr que je peux aller au bout de celui-ci en me maintenant à mon meilleur niveau. Personne ne sait mieux que moi ce qui est nécessaire pour cela et ce dont mon corps a besoin. Pour le moment, je suis totalement concentré sur l'EURO, après seulement je réfléchirai à tout ça.

DFB.de : Mais vous êtes d'accord que vous êtes typiquement le genre de joueur capable de se maintenir le plus longtemps possible au plus haut niveau, non ?

Kroos : Pourquoi ?

DFB.de : Votre style de jeu n'est pas basé sur la vitesse ou la puissance, mais plutôt sur la précision et la compréhension du jeu. Ce sont des qualités qui ne se perdent pas avec l'âge.

Kroos : C'est vrai en partie seulement. Certes, je ne suis pas le joueur le plus rapide. Mais je fais toujours partie de ceux qui courent le plus pendant un match. Peut-être pas au niveau des courses à haute intensité, mais si on regarde le nombre de kilomètres parcourus, je suis régulièrement dans les trois premiers. Et ça, tous les trois ou quatre jours. Évidemment, ça commence à se faire sentir au fur et à mesure que les années passent. Ensuite, le fait de savoir si je vais continuer à jouer en équipe nationale n'est pas seulement une question de capacité, mais aussi de volonté.

DFB.de : Il va falloir que vous nous expliquiez.

Kroos : En plus de la contrainte physique, il y a la contrainte mentale. Je suis très attaché à ma famille et avec tous les voyages que nous effectuons, je dois renoncer à passer du temps avec eux. Pour moi c'est un vrai sacrifice. Le temps qu'on ne passe pas avec ses enfants ne se rattrape pas, et ils ont besoin de la présence de leurs deux parents, surtout dans les premières années de leur vie. Ça joue également un rôle. La question est donc de savoir ce que m'apporterait la poursuite de ma carrière internationale et si je suis prêt pour cela à renoncer à d'autres choses.

DFB.de : En plus d'être un footballeur et un père de famille, vous vous investissez dans la fondation qui porte votre nom. Pouvez-vous également faire un bilan de l'année 2019, mais cette fois-ci du point de vue de la fondation ?

Kroos : Notre travail avec la fondation a débuté il y environ quatre ans et demi. Il y a eu beaucoup de beaux moments. C'est toujours exceptionnel d'avoir un retour et d'entendre que notre aide a été utile et a soulagé une famille. C'est avant tout ce qui compte pour nous, de savoir que nous avons pu aider un enfant et sa famille.

DFB.de : Êtes-vous particulièrement heureux que votre fondation ait ouvert un hospice pour enfants à Greifswald, votre ville de naissance ?

Kroos : Notre travail avec cet hospice vient seulement de commencer. Nous avons simplement regardé ce que nous pouvions faire dans l'endroit d'où je viens. Le travail que nous faisons n'est pas différent de celui effectué à Düsseldorf ou à Berlin. Les employés de l’hôpital rendent visitent aux familles et tentent d'aider là où ils peuvent.

DFB.de : La fondation aide des enfants atteints de maladies graves. À quel point cela vous touche-t-il quand vous apprenez que l'un d'entre eux a perdu la vie ?

Kroos : Ce n'est pas facile à accepter. Il y a eu un cas récemment qui m'a beaucoup touché, c'était celui d'une petite fille à Berlin. Elle rêvait de faire un tour en hélicoptère. Nous avons pu réaliser son vœux mais elle est décédée quelques temps après. Ça nous a particulièrement marqué, en particulier mon frère qui l'avait rencontrée quelques jours avant.

DFB.de : En tant que père de famille, ce genre d'histoires doit également particulièrement vous toucher.

Kroos : Complètement. Malgré tout, le cas de cette petite fille est une confirmation du bien que peut faire la fondation. Nous avons permis à cet enfant d'être heureux les dernières heures de sa vie, d'éprouver de la joie et de s'amuser. C'est un beau sentiment malgré la tristesse.

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