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Keller : « Nous devons et nous allons lever la voix »

Les titulaires du match de jeudi soir contre l’Islande (3-0) ont arboré avant le coup d’envoi l’inscription « Human Rights » (« droits humains »). En interview pour DFB.de, le président de la fédération Fritz Keller est revenu sur cet événement.

DFB.de : Monsieur Keller, l’équipe d’Allemagne a lancé un signal fort en faveur des droits humains à l’occasion du début des qualifications pour la Coupe du monde au Qatar. La DFB dans son ensemble est-elle solidaire de cette action ?

Fritz Keller : Absolument. La Fédération allemande de football toute entière s’engage bien entendu pour le respect des droits humains, c’est pourquoi la charte de la DFB contient depuis l’assemblée générale de 2019 une profession de foi en faveur de ces droits. Nous devons toujours nous engager et lever la voix pour les valeurs inscrites dans notre charte. Si quelqu’un ne se montre pas solidaire d’une déclaration en faveur des droits humains, il devrait s’empresser de revoir son échelle de valeurs.

DFB.de : Quelles étaient les motivations derrière cette entreprise ?

Fritz Keller :Chaque footballeur rêve depuis l’enfance de disputer une coupe du monde pour son pays. L’Allemagne compte des millions de footballeurs : combien d’entre eux ont cette chance unique ? En même temps, ils savent ce avec quoi on ne joue pas : les droits humains. Ces derniers ne sont pas négociables et sont universels, partout dans le monde. Les joueurs de l’équipe d’Allemagne ont attiré l’attention là-dessus.

DFB.de : C’était une idée commune, mise en œuvre de concert par l’équipe et la DFB. En êtes-vous fier ?

Fritz Keller :Très fier ! J’étais enthousiaste lorsque j’ai vu le résultat, les joueurs qui portaient les maillots qu’ils avaient peints. Nous l’avons déjà souvent souligné : nous voulons des joueurs qui prennent leurs responsabilités. Je trouve fantastique que nous ayons des joueurs qui s’engagent et que les événements à travers le monde ne laissent pas indifférents. Le message qu’ils ont envoyé hier fait en ce moment le tour du monde, tout comme celui de l’équipe de Norvège.

DFB.de : Ce message sera-t-il suffisant dans l’optique de la coupe du monde au Qatar ?

Fritz Keller : Chaque signal envoyé est puissant et utile, mais nous devons et nous allons continuer de lever la voix, comme l’a fait la DFB avant et pendant la Coupe du monde en Russie avec un engagement sociétal de grande ampleur. Nous jouons pour des gens, pas pour des gouvernements. Le sujet du positionnement de la DFB par rapport à la Coupe du monde au Qatar sera abordé en avril dans le cadre d’une réunion de la présidence. L’objectif est d’arriver à définir une attitude commune du football allemand.

DFB.de : La FIFA a d’ores et déjà déclaré qu’elle n’ouvrirait pas d’enquête contre la DFB pour avoir envoyé un message d’ordre politique dans un stade.

Fritz Keller :Il doit être possible, dans un stade, de faire passer des messages qui sont en phase avec les valeurs figurant dans notre charte.

DFB.de : De nombreuses voix s’élèvent également en faveur d’un boycott de la Coupe du monde.

Fritz Keller : J’aurais préféré que des améliorations soient d’abords exigées et mises en œuvre, avant de confier l’organisation d’une Coupe du monde au Qatar. La réalité est plutôt que le Qatar a obtenu l’organisation de cette Coupe du monde comme un signe de confiance préalable, dans l’espoir d’une amélioration future des choses. C’est comme ça, et le fait est que beaucoup de choses ont déjà été réalisées au Qatar, même si tout n’est pas satisfaisant, loin s’en faut. Nous sommes en contact avec des responsables politiques et des experts d’ONG : par exemple, Amnesty International déconseille un boycott et réclame de la transparence, une visibilité des problèmes, un dialogue avec tous les responsables, et l’envoi de signaux forts ; comme l’a fait l’équipe d’Allemagne hier en guise de premier pas. Le Qatar a lancé plusieurs réformes ; il y a des progrès visibles, certes loin d’être suffisants, mais qui seraient peut-être réduits à néant en cas de boycott. Pour ce qui est de l’avenir, nous saluons les efforts de la FIFA, qui depuis novembre 2017 a jeté les bases d’un ensemble de critères minimaux à respecter concernant les droits humains pour tous ses tournois internationaux, relatifs par exemple au droit du travail, la liberté de parole, ou l’inclusion.

DFB.de : Vous êtes donc en faveur d’un échange plutôt que d’un boycott ?

Fritz Keller : Le Qatar et les conditions de vie qui y règnent défraient actuellement la chronique pour une seule et unique raison : car c’est là qu’aura lieu la Coupe du monde l’année prochaine. C’est un levier puissant pour parvenir ensemble à des améliorations. Des conditions inqualifiables qui existent dans d’autres pays ne trouvent pas cette même résonnance. Je crois profondément en la force fédératrice du sport, celle qui est capable de faire bouger les choses. Après la deuxième guerre mondiale, la Suisse a tendu la main à l’Allemagne pour qu’elle retrouve une place dans la communauté du football. Un simple match contre la Suisse a été plus puissant que bien d’autres mesures, notamment politiques. Le sport possède une grande force, et en même temps, il n’est pas en capacité de régler des problèmes que la politique elle-même ne parvient à résoudre. Néanmoins, le sport peut et doit aider, dans le cadre de grands événements tels qu’une Coupe du monde, à faire connaitre ces problèmes auprès du public.

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Les titulaires du match de jeudi soir contre l’Islande (3-0) ont arboré avant le coup d’envoi l’inscription « Human Rights » (« droits humains »). En interview pour DFB.de, le président de la fédération Fritz Keller est revenu sur cet événement.

DFB.de : Monsieur Keller, l’équipe d’Allemagne a lancé un signal fort en faveur des droits humains à l’occasion du début des qualifications pour la Coupe du monde au Qatar. La DFB dans son ensemble est-elle solidaire de cette action ?

Fritz Keller : Absolument. La Fédération allemande de football toute entière s’engage bien entendu pour le respect des droits humains, c’est pourquoi la charte de la DFB contient depuis l’assemblée générale de 2019 une profession de foi en faveur de ces droits. Nous devons toujours nous engager et lever la voix pour les valeurs inscrites dans notre charte. Si quelqu’un ne se montre pas solidaire d’une déclaration en faveur des droits humains, il devrait s’empresser de revoir son échelle de valeurs.

DFB.de : Quelles étaient les motivations derrière cette entreprise ?

Fritz Keller :Chaque footballeur rêve depuis l’enfance de disputer une coupe du monde pour son pays. L’Allemagne compte des millions de footballeurs : combien d’entre eux ont cette chance unique ? En même temps, ils savent ce avec quoi on ne joue pas : les droits humains. Ces derniers ne sont pas négociables et sont universels, partout dans le monde. Les joueurs de l’équipe d’Allemagne ont attiré l’attention là-dessus.

DFB.de : C’était une idée commune, mise en œuvre de concert par l’équipe et la DFB. En êtes-vous fier ?

Fritz Keller :Très fier ! J’étais enthousiaste lorsque j’ai vu le résultat, les joueurs qui portaient les maillots qu’ils avaient peints. Nous l’avons déjà souvent souligné : nous voulons des joueurs qui prennent leurs responsabilités. Je trouve fantastique que nous ayons des joueurs qui s’engagent et que les événements à travers le monde ne laissent pas indifférents. Le message qu’ils ont envoyé hier fait en ce moment le tour du monde, tout comme celui de l’équipe de Norvège.

DFB.de : Ce message sera-t-il suffisant dans l’optique de la coupe du monde au Qatar ?

Fritz Keller : Chaque signal envoyé est puissant et utile, mais nous devons et nous allons continuer de lever la voix, comme l’a fait la DFB avant et pendant la Coupe du monde en Russie avec un engagement sociétal de grande ampleur. Nous jouons pour des gens, pas pour des gouvernements. Le sujet du positionnement de la DFB par rapport à la Coupe du monde au Qatar sera abordé en avril dans le cadre d’une réunion de la présidence. L’objectif est d’arriver à définir une attitude commune du football allemand.

DFB.de : La FIFA a d’ores et déjà déclaré qu’elle n’ouvrirait pas d’enquête contre la DFB pour avoir envoyé un message d’ordre politique dans un stade.

Fritz Keller :Il doit être possible, dans un stade, de faire passer des messages qui sont en phase avec les valeurs figurant dans notre charte.

DFB.de : De nombreuses voix s’élèvent également en faveur d’un boycott de la Coupe du monde.

Fritz Keller : J’aurais préféré que des améliorations soient d’abords exigées et mises en œuvre, avant de confier l’organisation d’une Coupe du monde au Qatar. La réalité est plutôt que le Qatar a obtenu l’organisation de cette Coupe du monde comme un signe de confiance préalable, dans l’espoir d’une amélioration future des choses. C’est comme ça, et le fait est que beaucoup de choses ont déjà été réalisées au Qatar, même si tout n’est pas satisfaisant, loin s’en faut. Nous sommes en contact avec des responsables politiques et des experts d’ONG : par exemple, Amnesty International déconseille un boycott et réclame de la transparence, une visibilité des problèmes, un dialogue avec tous les responsables, et l’envoi de signaux forts ; comme l’a fait l’équipe d’Allemagne hier en guise de premier pas. Le Qatar a lancé plusieurs réformes ; il y a des progrès visibles, certes loin d’être suffisants, mais qui seraient peut-être réduits à néant en cas de boycott. Pour ce qui est de l’avenir, nous saluons les efforts de la FIFA, qui depuis novembre 2017 a jeté les bases d’un ensemble de critères minimaux à respecter concernant les droits humains pour tous ses tournois internationaux, relatifs par exemple au droit du travail, la liberté de parole, ou l’inclusion.

DFB.de : Vous êtes donc en faveur d’un échange plutôt que d’un boycott ?

Fritz Keller : Le Qatar et les conditions de vie qui y règnent défraient actuellement la chronique pour une seule et unique raison : car c’est là qu’aura lieu la Coupe du monde l’année prochaine. C’est un levier puissant pour parvenir ensemble à des améliorations. Des conditions inqualifiables qui existent dans d’autres pays ne trouvent pas cette même résonnance. Je crois profondément en la force fédératrice du sport, celle qui est capable de faire bouger les choses. Après la deuxième guerre mondiale, la Suisse a tendu la main à l’Allemagne pour qu’elle retrouve une place dans la communauté du football. Un simple match contre la Suisse a été plus puissant que bien d’autres mesures, notamment politiques. Le sport possède une grande force, et en même temps, il n’est pas en capacité de régler des problèmes que la politique elle-même ne parvient à résoudre. Néanmoins, le sport peut et doit aider, dans le cadre de grands événements tels qu’une Coupe du monde, à faire connaitre ces problèmes auprès du public.

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