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Jonathan Tah : « Le temps est venu de renvoyer l'ascenseur »

Depuis l'année dernière, l'international Jonathan Tah est l'ambassadeur de la fondation de la DFB Egidius Braun . En interview pour DFB.de, le défenseur du Bayer Leverkusen se livre sur la crise du coronavirus et sur son engagement pour les personnes dans le besoin.

DFB.de : Jonathan, au moment où nous menons cette interview par téléphone, l'Allemagne entière ne parle plus que d'une chose : le coronavirus. En tant que footballer professionnel, comment vivez-vous la situation ?

Jonathan Tah : C'est une situation très inhabituelle. Beaucoup de gens se sentent un peu angoissés, un peu inquiets et c'est tout à fait compréhensible. Et je ne suis pas différent des autres. Tout le monde se pose la même question : comment la situation va-t-elle évoluer ? Quels seront les dommages causés par le coronavirus ? Quand est-ce que tout cela sera fini ? Pour l'instant, il n'y a aucune piste concrète qui nous permette de répondre à ces questions ou de clarifier la situation. Je pense que le fait de vivre dans l'incertitude est un défi pour nous tous. Du moins, ça l'est pour moi.

DFB.de : Comment le coronavirus a-t-il chamboulé votre vie ?

Tah : Il y a quelques semaines, nous jouions à Glasgow contre les Rangers devant 50 000 personnes. Depuis, tout a changé. Et en très peu de temps. Pour le moment, nous ne nous entraînons plus en équipe et jouer un match n'est même pas envisageable. Je ne sors pratiquement pas, sauf pour faire les courses ou un jogging. Ces restrictions sont vraiment sévères et rester tout le temps à la maison met mes nerfs à rude épreuve. Mais tout sera bientôt fini.

DFB.de : Comment cette situation vous affecte-t-elle ?

Tah : J'essaie de voir cette situation comme une chance. Même si, pour l'instant, cela relève du défi. Mais nous avons l'opportunité de nous recentrer sur les choses essentielles de la vie. Nous devons être contents de ce que nous avons et réapprendre à estimer la vie pour ce qu'elle est. Nous avons maintenant le temps de méditer là-dessus. Nous avons la possibilité d'être plus sensible aux choses et de réévaluer ce que nous tenons pour acquis.

DFB.de : Vous êtes l'un des créateurs d'un fond d'aide d'urgence de la fondation de la DFB Sepp Herberger pour les membres de la grande famille du football qui se retrouvent aux abois à cause du coronavirus. En quoi cela est-il important pour vous ?

Tah : Au fond, chaque geste compte. En ce qui concerne le football, on peut dire que pour une fois, on peut aider et remercier les personnes qui s'activent dans l'ombre pour que nous puissions jouer semaine après semaine. Toutes ces petites mains qui, loin de la lumière des projecteurs, rendent tout cela possible. Le temps est venu de renvoyer l'ascenseur. Nous devons nous serrer les coudes, c'est d'autant plus vrai en cette période difficile.

DFB.de : Dans cette situation, est-ce que la société est suffisamment solidaire ?

Tah : J'ai l'impression que nous progressons jour après jour, semaine après semaine. Au début, beaucoup n'ont pas compris la gravité de la situation. Beaucoup de personnes - et j'en fais parti - n'ont vraiment appréhendé les répercussions du virus qu'au fur et à mesure. Depuis, j'ai l'impression que notre société est très solidaire. C'est de mieux en mieux. Mais parfois, je vois encore beaucoup trop de gens se retrouver dans les parcs. On ne devrait plus voir cela, c'est contre-productif.

DFB.de : Quelles sont les leçons que l'on peut déjà tirer de cette catastrophe mondiale ?

Tah : Qu'on ne doit jamais être trop sûr de rien. Du jour au lendemain, ce virus a totalement transformé nos vies, alors que nous pensions que cette situation ne pouvait pas arriver. Je ne pense pas que l'on doive avoir peur d'avancer dans la vie pour autant. L'angoisse n'est pas vraiment un bon compagnon de route. Mais nous devons être vigilants et reconnaissants.

DFB.de : Depuis l'année dernière, vous êtes l'ambassadeur de la fondation de la DFB Egidius Braun. Comment voyez-vous cette fonction ?

Tah : Je réfléchissais déjà depuis longtemps à m'engager sur cette voie. Je m'identifie aux objectifs de cette fondation. Je suis fier d'en être l'ambassadeur.

DFB.de : Pourquoi vous êtes-vous décidé à vous engager ?

Tah : Je veux donner quelque chose en retour à la société. Nous avons besoin les uns des autres. Dans ma vie, on m'a beaucoup donné et le moment est venu de rendre la pareille.

DFB.de : Comment avez-vous vécu ces deux années jusqu'à présent ?

Tah : Il s'est passé beaucoup de choses durant cette période. Pour la fondation comme pour moi. Tout ce temps passé à la fondation a eu un énorme impact émotionnel sur moi, notamment au début. Ma première mission d'ambassadeur a été de me rendre dans un hôpital pour enfants malades du cancer, à Heidelberg, le Hopp-Kindertumorzentrum (KiTZ). C'était très émouvant, de rencontrer ces enfants et ces jeunes qui sont très malades. Cela me tient particulièrement à cœur d'apporter mon aide dans cette situation. J'ai encore des contacts, de temps à autres, avec certains enfants que j'ai rencontré au KiTZ.

DFB.de : De temps à autres ?

Tah : Quand j'apprends qu'un enfant a de nouveau une chimiothérapie prévue, j'écris un petit mot et lui souhaite un bon rétablissement. J'espère, avec ce petit geste de soutien, leur apporter un peu de courage et de réconfort. Bien souvent, c'est difficile de parvenir à trouver les mots justes.

DFB.de : Comment gérez-vous la situation quand l'impensable arrive et qu'un des enfants perd son combat contre la maladie ?

Tah : C'est épouvantable. Ça me rend particulièrement triste. Quand ça arrive, les problèmes que l'on rencontre habituellement ne sont plus qu'une ombre en arrière-plan. Y penser devient presque déplacé. Comparé à cela, que vaut une défaite lors d'un match de football ? Parfois, je suis particulièrement amer pour des broutilles et suis particulièrement énervé quand une erreur nous coûte la victoire. Et quand je reçois cette mauvaise nouvelle de l'hôpital, cela me ramène instantanément à la dure réalité. J'ai d'abord dû apprendre à gérer ces coups du sort.

DFB.de : On a parfois l'impression que les footballeurs vivent sous un ciel sans nuage. Que pensent vos amis et vos connaissances de votre activité au sein de la fondation ?

Tah : Mon cercle d'amis est très restreint et ne se compose que de quelques personnes que je connais depuis longtemps. Je ne laisse pas les gens entrer dans mon cercle de proches si facilement. Et dans ce cercle, personne n'a vécu dans un monde merveilleux. C'est pourquoi ils sont très positifs quant à mon engagement. J'essaie aussi de sensibiliser mes coéquipiers et mes amis du monde du football. Mon but est d'en amener un ou deux à s'engager pour une cause. Je connais beaucoup de footballeurs qui seraient prêts à le faire. Parfois, ils ne savent juste pas comment faire, ils ne trouvent pas le chemin. Si c'est le cas, alors je suis toujours là pour donner quelques conseils. À chaque fois que quelqu'un s'engage, c'est déjà une victoire.

DFB.de : Qu'est ce que cet engagement vous apporte, à vous personnellement ?

Tah : Je l'ai déjà plus ou moins mentionné : ça me fait garder les pieds sur terre. On apprend à apprécier chaque jour. Le plus important, c'est que cela me rend heureux. Je suis reconnaissant de ce que j'ai. Pour la vie que je mène. Je sais que l'on m'a beaucoup donné. Mais j'ai constaté que donner rend plus heureux que prendre. C'est ce que je retire de ma fonction d'ambassadeur à la fondation. Je ne suis pas obligé de le faire. Mais ça me tient à cœur.

DFB.de : Est-ce que vous aviez rencontré Egidius Braun ?

Tah : Je l'ai rencontré il y a quelques années au cours d'une fête des supporters de la Mannschaft à Aix-la-Chapelle. Il avait une sacré personnalité.

DFB.de : La devise la plus célèbre d'Egidius Braun est sans doute : « Le football, c'est bien plus que gagner 1-0 ». En tant que professionnel, qu'en pensez-vous ?

Tah : Je suis d'accord à 100%. Le football, c'est beaucoup plus que la victoire en match. C'est une passion, des émotions, du plaisir, l'esprit d'équipe. Tout cela, c'est bien plus que gagner 1-0. De nombreux footballeurs s'impliquent dans cette situation difficile et font preuve de solidarité. Nous, les footballeurs, nous sommes des gens comme les autres. Nous devons nous serrer les coudes aujourd'hui et à l'avenir.

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Depuis l'année dernière, l'international Jonathan Tah est l'ambassadeur de la fondation de la DFB Egidius Braun . En interview pour DFB.de, le défenseur du Bayer Leverkusen se livre sur la crise du coronavirus et sur son engagement pour les personnes dans le besoin.

DFB.de : Jonathan, au moment où nous menons cette interview par téléphone, l'Allemagne entière ne parle plus que d'une chose : le coronavirus. En tant que footballer professionnel, comment vivez-vous la situation ?

Jonathan Tah : C'est une situation très inhabituelle. Beaucoup de gens se sentent un peu angoissés, un peu inquiets et c'est tout à fait compréhensible. Et je ne suis pas différent des autres. Tout le monde se pose la même question : comment la situation va-t-elle évoluer ? Quels seront les dommages causés par le coronavirus ? Quand est-ce que tout cela sera fini ? Pour l'instant, il n'y a aucune piste concrète qui nous permette de répondre à ces questions ou de clarifier la situation. Je pense que le fait de vivre dans l'incertitude est un défi pour nous tous. Du moins, ça l'est pour moi.

DFB.de : Comment le coronavirus a-t-il chamboulé votre vie ?

Tah : Il y a quelques semaines, nous jouions à Glasgow contre les Rangers devant 50 000 personnes. Depuis, tout a changé. Et en très peu de temps. Pour le moment, nous ne nous entraînons plus en équipe et jouer un match n'est même pas envisageable. Je ne sors pratiquement pas, sauf pour faire les courses ou un jogging. Ces restrictions sont vraiment sévères et rester tout le temps à la maison met mes nerfs à rude épreuve. Mais tout sera bientôt fini.

DFB.de : Comment cette situation vous affecte-t-elle ?

Tah : J'essaie de voir cette situation comme une chance. Même si, pour l'instant, cela relève du défi. Mais nous avons l'opportunité de nous recentrer sur les choses essentielles de la vie. Nous devons être contents de ce que nous avons et réapprendre à estimer la vie pour ce qu'elle est. Nous avons maintenant le temps de méditer là-dessus. Nous avons la possibilité d'être plus sensible aux choses et de réévaluer ce que nous tenons pour acquis.

DFB.de : Vous êtes l'un des créateurs d'un fond d'aide d'urgence de la fondation de la DFB Sepp Herberger pour les membres de la grande famille du football qui se retrouvent aux abois à cause du coronavirus. En quoi cela est-il important pour vous ?

Tah : Au fond, chaque geste compte. En ce qui concerne le football, on peut dire que pour une fois, on peut aider et remercier les personnes qui s'activent dans l'ombre pour que nous puissions jouer semaine après semaine. Toutes ces petites mains qui, loin de la lumière des projecteurs, rendent tout cela possible. Le temps est venu de renvoyer l'ascenseur. Nous devons nous serrer les coudes, c'est d'autant plus vrai en cette période difficile.

DFB.de : Dans cette situation, est-ce que la société est suffisamment solidaire ?

Tah : J'ai l'impression que nous progressons jour après jour, semaine après semaine. Au début, beaucoup n'ont pas compris la gravité de la situation. Beaucoup de personnes - et j'en fais parti - n'ont vraiment appréhendé les répercussions du virus qu'au fur et à mesure. Depuis, j'ai l'impression que notre société est très solidaire. C'est de mieux en mieux. Mais parfois, je vois encore beaucoup trop de gens se retrouver dans les parcs. On ne devrait plus voir cela, c'est contre-productif.

DFB.de : Quelles sont les leçons que l'on peut déjà tirer de cette catastrophe mondiale ?

Tah : Qu'on ne doit jamais être trop sûr de rien. Du jour au lendemain, ce virus a totalement transformé nos vies, alors que nous pensions que cette situation ne pouvait pas arriver. Je ne pense pas que l'on doive avoir peur d'avancer dans la vie pour autant. L'angoisse n'est pas vraiment un bon compagnon de route. Mais nous devons être vigilants et reconnaissants.

DFB.de : Depuis l'année dernière, vous êtes l'ambassadeur de la fondation de la DFB Egidius Braun. Comment voyez-vous cette fonction ?

Tah : Je réfléchissais déjà depuis longtemps à m'engager sur cette voie. Je m'identifie aux objectifs de cette fondation. Je suis fier d'en être l'ambassadeur.

DFB.de : Pourquoi vous êtes-vous décidé à vous engager ?

Tah : Je veux donner quelque chose en retour à la société. Nous avons besoin les uns des autres. Dans ma vie, on m'a beaucoup donné et le moment est venu de rendre la pareille.

DFB.de : Comment avez-vous vécu ces deux années jusqu'à présent ?

Tah : Il s'est passé beaucoup de choses durant cette période. Pour la fondation comme pour moi. Tout ce temps passé à la fondation a eu un énorme impact émotionnel sur moi, notamment au début. Ma première mission d'ambassadeur a été de me rendre dans un hôpital pour enfants malades du cancer, à Heidelberg, le Hopp-Kindertumorzentrum (KiTZ). C'était très émouvant, de rencontrer ces enfants et ces jeunes qui sont très malades. Cela me tient particulièrement à cœur d'apporter mon aide dans cette situation. J'ai encore des contacts, de temps à autres, avec certains enfants que j'ai rencontré au KiTZ.

DFB.de : De temps à autres ?

Tah : Quand j'apprends qu'un enfant a de nouveau une chimiothérapie prévue, j'écris un petit mot et lui souhaite un bon rétablissement. J'espère, avec ce petit geste de soutien, leur apporter un peu de courage et de réconfort. Bien souvent, c'est difficile de parvenir à trouver les mots justes.

DFB.de : Comment gérez-vous la situation quand l'impensable arrive et qu'un des enfants perd son combat contre la maladie ?

Tah : C'est épouvantable. Ça me rend particulièrement triste. Quand ça arrive, les problèmes que l'on rencontre habituellement ne sont plus qu'une ombre en arrière-plan. Y penser devient presque déplacé. Comparé à cela, que vaut une défaite lors d'un match de football ? Parfois, je suis particulièrement amer pour des broutilles et suis particulièrement énervé quand une erreur nous coûte la victoire. Et quand je reçois cette mauvaise nouvelle de l'hôpital, cela me ramène instantanément à la dure réalité. J'ai d'abord dû apprendre à gérer ces coups du sort.

DFB.de : On a parfois l'impression que les footballeurs vivent sous un ciel sans nuage. Que pensent vos amis et vos connaissances de votre activité au sein de la fondation ?

Tah : Mon cercle d'amis est très restreint et ne se compose que de quelques personnes que je connais depuis longtemps. Je ne laisse pas les gens entrer dans mon cercle de proches si facilement. Et dans ce cercle, personne n'a vécu dans un monde merveilleux. C'est pourquoi ils sont très positifs quant à mon engagement. J'essaie aussi de sensibiliser mes coéquipiers et mes amis du monde du football. Mon but est d'en amener un ou deux à s'engager pour une cause. Je connais beaucoup de footballeurs qui seraient prêts à le faire. Parfois, ils ne savent juste pas comment faire, ils ne trouvent pas le chemin. Si c'est le cas, alors je suis toujours là pour donner quelques conseils. À chaque fois que quelqu'un s'engage, c'est déjà une victoire.

DFB.de : Qu'est ce que cet engagement vous apporte, à vous personnellement ?

Tah : Je l'ai déjà plus ou moins mentionné : ça me fait garder les pieds sur terre. On apprend à apprécier chaque jour. Le plus important, c'est que cela me rend heureux. Je suis reconnaissant de ce que j'ai. Pour la vie que je mène. Je sais que l'on m'a beaucoup donné. Mais j'ai constaté que donner rend plus heureux que prendre. C'est ce que je retire de ma fonction d'ambassadeur à la fondation. Je ne suis pas obligé de le faire. Mais ça me tient à cœur.

DFB.de : Est-ce que vous aviez rencontré Egidius Braun ?

Tah : Je l'ai rencontré il y a quelques années au cours d'une fête des supporters de la Mannschaft à Aix-la-Chapelle. Il avait une sacré personnalité.

DFB.de : La devise la plus célèbre d'Egidius Braun est sans doute : « Le football, c'est bien plus que gagner 1-0 ». En tant que professionnel, qu'en pensez-vous ?

Tah : Je suis d'accord à 100%. Le football, c'est beaucoup plus que la victoire en match. C'est une passion, des émotions, du plaisir, l'esprit d'équipe. Tout cela, c'est bien plus que gagner 1-0. De nombreux footballeurs s'impliquent dans cette situation difficile et font preuve de solidarité. Nous, les footballeurs, nous sommes des gens comme les autres. Nous devons nous serrer les coudes aujourd'hui et à l'avenir.

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