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Il y a 30 ans : la Mannschaft sur le toit du monde

Il y a 30 ans jour pour jour, la Mannschaft remportait la 3e Coupe du monde de son histoire, en venant à bout de l’Argentine de Maradona, tenante du titre, grâce à un but sur penalty d’Andreas Brehme au Stadio Olimpico.

Des choix difficiles

Quatre ans après la défaite en finale du mundial mexicain face à ces mêmes Argentins, les joueurs de Franz Beckenbauer arrivent à Rome avec un esprit revanchard. Et le staff technique doit faire face à des choix difficiles, comme le raconte l’entraîneur adjoint Berti Vogts en 2016 au Sport Bild : « Franz était en train de fumer une cigarette et m’a dit : Nous sommes déjà champions du monde. Les Argentins ont des blessés, des suspendus et nous avons notre onze de départ. Nous passerons par les côtés. ». J’ai demandé : « Avec qui ? », il m’a répondu : « Olaf Thon ». Thon avait joué la demi-finale contre l’Angleterre à la place de Littbarski et il lui avait promis, après la victoire, qu’il resterait dans l’équipe. Je lui ai dit : « ça ne marche pas. Tu as promis à Littbarski, avant la demi-finale, qu’il jouerait de nouveau en finale. Parce que nous devrons attaquer les Argentins par les côtés avec lui et Häßler. Franz est rentré énervé dans sa chambre. Le lendemain, il a écrit les noms des titulaires sur le tableau, avec Häßler et Littbarski, et a ajouté la phrase : « Avec ce onze, nous serons champions du monde. Je ne veux rien savoir d’autre. » À midi, les joueurs ont appris la composition de départ. Thon a quitté la réunion, en colère, ainsi qu’Uwe Bein, déçu également de ne pas débuter. »

Des dilemmes auxquels ne sont pas vraiment confrontés les Argentins ; le sélectionneur Carlos Bilardo doit en effet composer sans Claudio Cannigia, ni Julio Olarticoechea, Sergio Batista et Rotsünder Ricardo Giusti, tous suspendus. À cela s’ajoute le gardien Nery Pumpido, absent depuis le deuxième match de la compétition. Les Sud-Américains sont donc contraints d’improviser légèrement. Malgré tout, les Allemands sont parfaitement placés pour savoir que l’Albiceleste compte dans ses rangs un joueur capable de faire la différence à lui tout seul : la superstar de l’époque, Diego Armando Maradona. Cette fois, c’est Guido Buchwald qui sera chargé du marquage du meneur de jeu argentin, afin de libérer Lothar Matthäus des tâches défensives et de lui permettre d’être dangereux devant, contrairement à la stratégie adoptée quatre ans auparavant.

Et la première victoire n’a pas lieu le jour du match mais la veille. Le samedi, les Allemands se rendent au stade olympique une demi-heure avant l’horaire fixé par la FIFA, contraignant leurs futurs adversaires à se retirer sur une seule moitié de terrain. Le sélectionneur Franz Beckenbauer a bien entendu fait en sorte d’utiliser cet évènement pour motiver ses troupes : « Vous les avez bougés aujourd’hui, c’est ce que vous ferez demain également ! »

Lorsque le grand jour arrive enfin, les fans allemands sont les plus nombreux dans les tribunes. Par ailleurs, c’est la Mannschaft qui bénéficie de la sympathie des supporters locaux. Cela est dû au fait que les « Gauchos » ont éliminé la Squadra Azzurra en demi-finale, ainsi qu’à la présence dans la sélection allemande des deux joueurs de la Roma Berthold et Völler.

« Si tu la mets, on est champions du monde »

Arrive le coup d’envoi, à 20h. Très vite, chacun sent qu’il s’agit d’un match fermé, avec des duels âpres, et que la première équipe qui marquera aura sûrement pris un avantage décisif. Après seulement 3 minutes de jeu, Völler envoie une reprise de volée qui termine sa course au dessus des buts de Goycochea, suite à un centre de Brehme. S’ensuit une série de tirs lointains, qui terminent tous dans les gants du gardien au hors du cadre. Côté sud-américain, Diego Maradona ne parvient qu’une seule fois à tirer au but lors de l’ensemble de la première période.

La seconde mi-temps ressemble à la première : beaucoup d’engagement mais peu de réelles occasions. Jusqu’à la fameuse 85e minute, qui restera dans toutes les mémoires : Völler, lancé par Matthäus, reçoit le ballon dans la surface et tombe après un contact avec Sensini. Malgré les protestations argentines, l’arbitre de la rencontre désigne le point de pénalty. Si la décision peut totalement se justifier, Il est vrai que l’attaquant Rudi Völler est très habile sur ce coup-là, en ne faisant pas tout pour tenir debout. « Rudi a un peu aidé » reconnaîtra, amusé, Franz Beckenbauer après la rencontre.

Mais le plus important reste à faire : Andreas Brehme doit encore transformer la sentence, alors que la partie est sur le point de se terminer. Ce que ne manque pas de lui rappeler Völler : « Andy, si tu la mets, on est champions du monde. »Face à lui se dresse Goycoechea, qui a déjà repoussé quatre penalties au cours de la compétition. De quoi faire trembler le numéro défenseur allemand ? Pas du tout, Brehme frappe en force en bas à droite du gardien. Après deux défaites en finale, la Mannschaft remporte enfin sa troisième Coupe du monde, qui plus est l’année de la réunification. Dans l’euphorie de ce nouveau succès et d’une année historique, le Kaiser Franz déclarera même en conférence de presse : « Je suis désolé pour le reste du monde, mais nous serons invincibles dans les prochaines années ».

Si la sélection a par la suite connu des hauts et des bas, force est de constater que la prophétie s’est - en partie - réalisée, les trente dernières années ayant vu la Mannschaft triompher à nouveau lors de grandes compétitions internationales.

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Il y a 30 ans jour pour jour, la Mannschaft remportait la 3e Coupe du monde de son histoire, en venant à bout de l’Argentine de Maradona, tenante du titre, grâce à un but sur penalty d’Andreas Brehme au Stadio Olimpico.

Des choix difficiles

Quatre ans après la défaite en finale du mundial mexicain face à ces mêmes Argentins, les joueurs de Franz Beckenbauer arrivent à Rome avec un esprit revanchard. Et le staff technique doit faire face à des choix difficiles, comme le raconte l’entraîneur adjoint Berti Vogts en 2016 au Sport Bild : « Franz était en train de fumer une cigarette et m’a dit : Nous sommes déjà champions du monde. Les Argentins ont des blessés, des suspendus et nous avons notre onze de départ. Nous passerons par les côtés. ». J’ai demandé : « Avec qui ? », il m’a répondu : « Olaf Thon ». Thon avait joué la demi-finale contre l’Angleterre à la place de Littbarski et il lui avait promis, après la victoire, qu’il resterait dans l’équipe. Je lui ai dit : « ça ne marche pas. Tu as promis à Littbarski, avant la demi-finale, qu’il jouerait de nouveau en finale. Parce que nous devrons attaquer les Argentins par les côtés avec lui et Häßler. Franz est rentré énervé dans sa chambre. Le lendemain, il a écrit les noms des titulaires sur le tableau, avec Häßler et Littbarski, et a ajouté la phrase : « Avec ce onze, nous serons champions du monde. Je ne veux rien savoir d’autre. » À midi, les joueurs ont appris la composition de départ. Thon a quitté la réunion, en colère, ainsi qu’Uwe Bein, déçu également de ne pas débuter. »

Des dilemmes auxquels ne sont pas vraiment confrontés les Argentins ; le sélectionneur Carlos Bilardo doit en effet composer sans Claudio Cannigia, ni Julio Olarticoechea, Sergio Batista et Rotsünder Ricardo Giusti, tous suspendus. À cela s’ajoute le gardien Nery Pumpido, absent depuis le deuxième match de la compétition. Les Sud-Américains sont donc contraints d’improviser légèrement. Malgré tout, les Allemands sont parfaitement placés pour savoir que l’Albiceleste compte dans ses rangs un joueur capable de faire la différence à lui tout seul : la superstar de l’époque, Diego Armando Maradona. Cette fois, c’est Guido Buchwald qui sera chargé du marquage du meneur de jeu argentin, afin de libérer Lothar Matthäus des tâches défensives et de lui permettre d’être dangereux devant, contrairement à la stratégie adoptée quatre ans auparavant.

Et la première victoire n’a pas lieu le jour du match mais la veille. Le samedi, les Allemands se rendent au stade olympique une demi-heure avant l’horaire fixé par la FIFA, contraignant leurs futurs adversaires à se retirer sur une seule moitié de terrain. Le sélectionneur Franz Beckenbauer a bien entendu fait en sorte d’utiliser cet évènement pour motiver ses troupes : « Vous les avez bougés aujourd’hui, c’est ce que vous ferez demain également ! »

Lorsque le grand jour arrive enfin, les fans allemands sont les plus nombreux dans les tribunes. Par ailleurs, c’est la Mannschaft qui bénéficie de la sympathie des supporters locaux. Cela est dû au fait que les « Gauchos » ont éliminé la Squadra Azzurra en demi-finale, ainsi qu’à la présence dans la sélection allemande des deux joueurs de la Roma Berthold et Völler.

« Si tu la mets, on est champions du monde »

Arrive le coup d’envoi, à 20h. Très vite, chacun sent qu’il s’agit d’un match fermé, avec des duels âpres, et que la première équipe qui marquera aura sûrement pris un avantage décisif. Après seulement 3 minutes de jeu, Völler envoie une reprise de volée qui termine sa course au dessus des buts de Goycochea, suite à un centre de Brehme. S’ensuit une série de tirs lointains, qui terminent tous dans les gants du gardien au hors du cadre. Côté sud-américain, Diego Maradona ne parvient qu’une seule fois à tirer au but lors de l’ensemble de la première période.

La seconde mi-temps ressemble à la première : beaucoup d’engagement mais peu de réelles occasions. Jusqu’à la fameuse 85e minute, qui restera dans toutes les mémoires : Völler, lancé par Matthäus, reçoit le ballon dans la surface et tombe après un contact avec Sensini. Malgré les protestations argentines, l’arbitre de la rencontre désigne le point de pénalty. Si la décision peut totalement se justifier, Il est vrai que l’attaquant Rudi Völler est très habile sur ce coup-là, en ne faisant pas tout pour tenir debout. « Rudi a un peu aidé » reconnaîtra, amusé, Franz Beckenbauer après la rencontre.

Mais le plus important reste à faire : Andreas Brehme doit encore transformer la sentence, alors que la partie est sur le point de se terminer. Ce que ne manque pas de lui rappeler Völler : « Andy, si tu la mets, on est champions du monde. »Face à lui se dresse Goycoechea, qui a déjà repoussé quatre penalties au cours de la compétition. De quoi faire trembler le numéro défenseur allemand ? Pas du tout, Brehme frappe en force en bas à droite du gardien. Après deux défaites en finale, la Mannschaft remporte enfin sa troisième Coupe du monde, qui plus est l’année de la réunification. Dans l’euphorie de ce nouveau succès et d’une année historique, le Kaiser Franz déclarera même en conférence de presse : « Je suis désolé pour le reste du monde, mais nous serons invincibles dans les prochaines années ».

Si la sélection a par la suite connu des hauts et des bas, force est de constater que la prophétie s’est - en partie - réalisée, les trente dernières années ayant vu la Mannschaft triompher à nouveau lors de grandes compétitions internationales.

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