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Cacau à propos du racisme : « Je suis sidéré »

Cacau, sélectionné à 23 reprises avec la Mannschaft et aujourd’hui en charge de l’intégration pour la DFB, nous parle du racisme dans les stades au lendemain du jugement du tribunal sportif de la DFB envers les dérapages des supporters à Hanovre.

DFB.de : Nous souhaitons parler avec vous du racisme. Comment le racisme se manifeste encore aujourd’hui au Brésil, votre pays d’origine ?

Cacau : Le racisme est toujours présent au Brésil même s’il n’est pas forcément visible. Noir et pauvre, ces deux mots peuvent aujourd’hui être à l’origine d’une hostilité. Ce n’est pas facile pour moi de décrire le racisme au Brésil mais il existe bel et bien. Ces préjugés sont tellement ancrés que beaucoup ne les remarquent même pas. J’ai clairement pu m’en rendre compte lorsque je suis retourné au Brésil avec ma cousine pour l’anniversaire de ma fille Lidia et que nous sommes allés faire du shopping dans un très luxueux centre commercial. Au début, je n’ai pas remarqué que nous étions les seuls clients noirs de ce magasin puis j’ai commencé à avoir l’impression de faire quelque chose d’inapproprié et à me sentir mal. Tout le monde me regardait de façon étrange. En tant que noirs nous n’appartenions pas à cet endroit, c’était comme un signal.

DFB.de : Le tribunal sportif de la DFB rendu jeudi son jugement à l’encontre des insultes racistes proférées envers Anthony Ujah et Leon Balogun. Le club d’Hanovre 96 a été condamné à amende de 20 000 € en raison des du comportement antisportif de ses supporters. Un groupe de 7 à 12 personnes avaient insulté les deux joueurs du FSV Mayence alors qu’ils s’échauffaient près de la ligne de touche puis pendant la seconde mi-temps.

Cacau : Je ne pensais pas que le racisme pouvait encore s’exprimer de façon aussi ouverte dans les stades de foot en Allemagne. Je pensais que nous avions fait un pas en avant en matière de tolérance. Nous ne pouvons pas laisser de telles choses se passer. Le fait que parmi ces gens-là se trouvait un jeune de 12 ans est particulièrement effrayant. Les adultes devraient prendre conscience qu’ils doivent montrer l’exemple. Un tel comportement est inacceptable. De tels propos ne sont pas excusables. C’est une bonne chose que le tribunal sportif de la DFB ait condamné ces faits.

DFB.de : Il y a quelques semaines, une marque de prêt-à-porter a diffusé une publicité montrant un jeune garçon noir portant un pull sur lequel on pouvait lire « le singe le plus cool de la jungle ».

Cacau : J’ai suivi l’affaire. En principe, je sais faire abstraction de certaines choses, chaque détail ne m’offense pas et je ne commente pas toute les absurdités. Mais cette histoire … Cela ne devrait pas arriver de la part d’une grande multinationale. Au début j’ai pensé que c’était un accident puis ensuite j’ai vu d’autres photos d’un petit garçon blanc avec un pull « expert en survie » ou quelque chose comme ça. Ça ne peut pas se passer comme ça. Les responsables du marketing doivent penser aux moindres détails lors d’un shooting photo. Comment se peut-il qu’une telle chose se produise ? Je suis sidéré.

DFB.de : Kevin-Prince Boateng apparaît presque résigné. «C’est de pire en pire, aucun progrès n’est fait actuellement » a-t-il déclaré ces derniers jours. Comprenez-vous sa déception ?

Cacau : On doit garder à l’esprit que Kevin a lui-même subi des actes racistes. Lorsqu’il jouait pour le Milan AC, il a reçu des insultes racistes lors d’un match amical face à un club de quatrième division italienne. Quiconque a vécu de telles choses réagit en conséquence. Je ne partage pas la même vision que lui. Je suis arrivé en Allemagne il y a 17 et j’ai joué au départ dans les divisions amateurs du football allemand dans des petits villages de Bavière et de Franconie avant de jouer ensuite à Stuttgart. Je n’ai pas été confronté à un tel racisme. Par contre, je perçois aujourd’hui en Allemagne un racisme largement diffusé qui peut laisser penser que nous avons une position négligée à ce sujet. Mais quand quelqu’un fait preuve de racisme, qu’importe s’il s’agit d’un supporter ou d’un dirigeant, cela doit être sévèrement puni. Je ne veux pas dire qu’il n’a y aucun agissement raciste dans le football mais je ne trouve que cela s’empire au fil du temps. Je perçois un plus grand racisme au Brésil qu’en Allemagne. Mes années avec la Mannschaft commencent à remonter à un certain temps mais quand les gens ne me reconnaissent pas je n’ai aucun préjugé envers eux.

DFB.de : Cependant, vous avez également été victime du racisme. Où et quand cela s’est-il passé ?

Cacau : C’est vrai mais cela est désormais derrière moi et aujourd'hui je ne souhaite plus m’exprimer à ce sujet. J’ai reçu des insultes racistes par le passé, elles provenaient de certaines personnes et non pas du stade tout entier. En seconde période j’ai marqué deux buts et nous avons gagné le match. C’est comme ça que j’ai répondu.

Depuis novembre 2016, le joueur aux 23 sélections avec la Mannschaft occupe le poste de responsable pour l’intégration au sein de la Fédération allemande de football (DFB). En 2017, l’ancien attaquant du VfB Stuttgart a représenté la DFB lors de 25 réunions et rendez-vous officiels. Son interview à propos du football et de l’intégration avait été lue par 22 millions de lecteurs.

[DFB]

Cacau, sélectionné à 23 reprises avec la Mannschaft et aujourd’hui en charge de l’intégration pour la DFB, nous parle du racisme dans les stades au lendemain du jugement du tribunal sportif de la DFB envers les dérapages des supporters à Hanovre.

DFB.de : Nous souhaitons parler avec vous du racisme. Comment le racisme se manifeste encore aujourd’hui au Brésil, votre pays d’origine ?

Cacau : Le racisme est toujours présent au Brésil même s’il n’est pas forcément visible. Noir et pauvre, ces deux mots peuvent aujourd’hui être à l’origine d’une hostilité. Ce n’est pas facile pour moi de décrire le racisme au Brésil mais il existe bel et bien. Ces préjugés sont tellement ancrés que beaucoup ne les remarquent même pas. J’ai clairement pu m’en rendre compte lorsque je suis retourné au Brésil avec ma cousine pour l’anniversaire de ma fille Lidia et que nous sommes allés faire du shopping dans un très luxueux centre commercial. Au début, je n’ai pas remarqué que nous étions les seuls clients noirs de ce magasin puis j’ai commencé à avoir l’impression de faire quelque chose d’inapproprié et à me sentir mal. Tout le monde me regardait de façon étrange. En tant que noirs nous n’appartenions pas à cet endroit, c’était comme un signal.

DFB.de : Le tribunal sportif de la DFB rendu jeudi son jugement à l’encontre des insultes racistes proférées envers Anthony Ujah et Leon Balogun. Le club d’Hanovre 96 a été condamné à amende de 20 000 € en raison des du comportement antisportif de ses supporters. Un groupe de 7 à 12 personnes avaient insulté les deux joueurs du FSV Mayence alors qu’ils s’échauffaient près de la ligne de touche puis pendant la seconde mi-temps.

Cacau : Je ne pensais pas que le racisme pouvait encore s’exprimer de façon aussi ouverte dans les stades de foot en Allemagne. Je pensais que nous avions fait un pas en avant en matière de tolérance. Nous ne pouvons pas laisser de telles choses se passer. Le fait que parmi ces gens-là se trouvait un jeune de 12 ans est particulièrement effrayant. Les adultes devraient prendre conscience qu’ils doivent montrer l’exemple. Un tel comportement est inacceptable. De tels propos ne sont pas excusables. C’est une bonne chose que le tribunal sportif de la DFB ait condamné ces faits.

DFB.de : Il y a quelques semaines, une marque de prêt-à-porter a diffusé une publicité montrant un jeune garçon noir portant un pull sur lequel on pouvait lire « le singe le plus cool de la jungle ».

Cacau : J’ai suivi l’affaire. En principe, je sais faire abstraction de certaines choses, chaque détail ne m’offense pas et je ne commente pas toute les absurdités. Mais cette histoire … Cela ne devrait pas arriver de la part d’une grande multinationale. Au début j’ai pensé que c’était un accident puis ensuite j’ai vu d’autres photos d’un petit garçon blanc avec un pull « expert en survie » ou quelque chose comme ça. Ça ne peut pas se passer comme ça. Les responsables du marketing doivent penser aux moindres détails lors d’un shooting photo. Comment se peut-il qu’une telle chose se produise ? Je suis sidéré.

DFB.de : Kevin-Prince Boateng apparaît presque résigné. «C’est de pire en pire, aucun progrès n’est fait actuellement » a-t-il déclaré ces derniers jours. Comprenez-vous sa déception ?

Cacau : On doit garder à l’esprit que Kevin a lui-même subi des actes racistes. Lorsqu’il jouait pour le Milan AC, il a reçu des insultes racistes lors d’un match amical face à un club de quatrième division italienne. Quiconque a vécu de telles choses réagit en conséquence. Je ne partage pas la même vision que lui. Je suis arrivé en Allemagne il y a 17 et j’ai joué au départ dans les divisions amateurs du football allemand dans des petits villages de Bavière et de Franconie avant de jouer ensuite à Stuttgart. Je n’ai pas été confronté à un tel racisme. Par contre, je perçois aujourd’hui en Allemagne un racisme largement diffusé qui peut laisser penser que nous avons une position négligée à ce sujet. Mais quand quelqu’un fait preuve de racisme, qu’importe s’il s’agit d’un supporter ou d’un dirigeant, cela doit être sévèrement puni. Je ne veux pas dire qu’il n’a y aucun agissement raciste dans le football mais je ne trouve que cela s’empire au fil du temps. Je perçois un plus grand racisme au Brésil qu’en Allemagne. Mes années avec la Mannschaft commencent à remonter à un certain temps mais quand les gens ne me reconnaissent pas je n’ai aucun préjugé envers eux.

DFB.de : Cependant, vous avez également été victime du racisme. Où et quand cela s’est-il passé ?

Cacau : C’est vrai mais cela est désormais derrière moi et aujourd'hui je ne souhaite plus m’exprimer à ce sujet. J’ai reçu des insultes racistes par le passé, elles provenaient de certaines personnes et non pas du stade tout entier. En seconde période j’ai marqué deux buts et nous avons gagné le match. C’est comme ça que j’ai répondu.

Depuis novembre 2016, le joueur aux 23 sélections avec la Mannschaft occupe le poste de responsable pour l’intégration au sein de la Fédération allemande de football (DFB). En 2017, l’ancien attaquant du VfB Stuttgart a représenté la DFB lors de 25 réunions et rendez-vous officiels. Son interview à propos du football et de l’intégration avait été lue par 22 millions de lecteurs.

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